Le projet d'Alexandre de la Caffinière et Julie Plus dans Sens Fiction est ambitieux. Il entend mêler art vidéo, musique électronique et danse contemporaine.
Pixellisés, les danseurs servent en effet de support à l'image qui est projetée sur eux. Véritables toiles blanches, ils sont les écrans des belles scénographies entièrement numériques signées Yann Bertrand et Damien Serban.
Mais le résultat, bien que séduisant, n'est pas toujours à la hauteur des ambitions de ses concepteurs. Le travail des vidéastes oublie parfois sa destination naturelle, du moins au spectacle vivant : être un fond de scène. Trop claires, les images jettent une lumière crue sur les corps immaculés, trop sombres, elles renvoient dans l'ombre ces mêmes silhouettes à la danse organique et glissante. Des danseurs affichant un bon niveau technique qu'il est néanmoins très agréable de voir évoluer sur scène.
La véritable fusion entre les trois éléments clés du spectacle, image, son et danse, ne se produit que vers la fin du spectacle. Dans un trio qui évoque la sauvagerie du loup, la tension dramatique est présente, elle se poursuit dans les scènes suivantes. Pour mettre en valeur ce travail très pictural (on pense parfois à Mannessier), peut-être aurait-il fallu juste un peu plus de rythme et de dramaturgie ?
Photo : © Capucine Bailly Cosmos