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Marc Coppey à la tête des Solistes de Zagreb

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Paris, Théâtre de la ville. 10-XI-2012. Amando Ivancic (1727-1790): Sinfonia pour cordes n°9; Joseph Haydn (1732-1809): Concerto pour violoncelle n°1 en do majeur, Hob. VIIb.1; Ivo Malec (né en 1925), Lumina pour cordes et bande magnétique; Piotr Illich Tchaikovsky (1840-1893): Sérénade pour cordes en ut majeur, op.48. Les Solistes de Zagreb; Marc Coppey, violoncelle solo et direction

Eminent violoncelliste et pédagogue, est depuis février 2012 directeur artistique des Solistes de Zagreb. Cette phalange croate de 12 cordes solistes a été fondée en 1953 à l'initiative de Radio-Zagreb et acquiert dans les années 60 à 80 une réputation mondiale à la tête de son chef – lui-aussi violoncelliste – Antonio Janigro. Elle va traverser ensuite une période difficile marquée par les années de guerre qui déchire l'ex-Yougoslavie et la rude concurrence des ensembles baroques spécialisés. Sous l'impulsion de son nouveau chef et avec l'ambition d'élargir ses horizons sonores – « de la musique ancienne à l'avant-garde », précise – c'est un ensemble considérablement rajeuni et animé d'un nouveau souffle qui investissait la scène du Théâtre de la Ville. Avec deux compositeurs croates à l'affiche, ce concert s'inscrivait dans la célébration du Festival croate en France, « Croatie La Voici » (septembre-décembre 2012).

Avec la Sinfonia pour cordes n°9 d' qui ouvrait brillamment la soirée, nous découvrions ce compositeur croate, basé en Autriche durant le Siècle des Lumières. Sa musique, emprunte encore au moule formel baroque mais relève déjà du pré-classicisme dans l'articulation de la phrase musicale. en conféraient le panache et l'élégance avec une précision d'attaque et une énergie galvanisée par le geste investi de .

Rejoint par deux hautbois et deux cors naturels, l'ensemble donnait ensuite le Concerto n°1 en do majeur de Haydn, un bijou du répertoire violoncellistique qu'interprétait et dirigeait Marc Coppey: en conciliant toute à la fois une rigueur dans l'impeccable mise en place et une admirable finesse de la conduite musicale dont ce styliste raffiné conférait toute l'élégance. Toujours spectaculaire par la virtuosité qui s'y déploie, le Rondo final était mené de main de maître avec un élan et une légèreté d'archet éblouissants. En bis et avec son ensemble, Marc Coppey offrait au public le délicieux Andante Cantabile de Tchaikovsky, une des pages les plus sensibles du compositeur provenant du mouvement lent de son premier quatuor à cordes.

La seconde partie débutait de manière plus aventurière avec un des chefs d'oeuvre d', Lumina pour 12 cordes solistes et bande magnétique. L'oeuvre est écrite en 1968, à une époque où le compositeur, natif de Zagreb, s'est installé en France et travaille au sein du Groupe de Recherches musicales initié par Pierre Schaeffer, « son seul véritable maître » précise-t-il. L'oeuvre relève de la technique mixte (écriture instrumentale et source électroacoustique projetée par des haut-parleurs) en vertu de laquelle les sons naturels et artificiels cohabitent, se heurtent ou se confondent pour sculpter un espace sonore unique d'une singulière plasticité. L'écriture des cordes – un univers de prédilection pour Malec – est ici soumise à de nombreux modes de jeux spécifiques visant non plus une « musique de notes » mais celle d'« objets sonores » rejoignant la nature du matériau traité en studio. Lumina est une pièce saisissante par l'exubérance flamboyante de ses sonorités et l'ampleur de ses contrastes allant de la saturation sonore à la marge du silence, lieu de l'écoute attentive chez Malec, où l'oreille scrute la richesse et la variété de l'invention sonore. Surmontant le handicap d'une acoustique un peu sèche, Marc Coppey et s'engageaient pleinement dans cette aventure sonore pour servir la radicalité et l'inouï du geste compositionnel.

Marc Coppey osait alors un « chaud-froid » vertigineux en poursuivant le concert par la très (trop) populaire Sérénade de Tchaikovsky, mettant en valeur la voluptueuse cinétique de l'ensemble dans la Valse du deuxième mouvement et le grain chaleureux et homogène des douze cordes, au service du melos tchaikovskien puis du lyrisme de Sibelius, dans l'immanquable Valse triste donnée en bis après le fringant Allegro du Divertimento en sib de Mozart.

Crédit photographique : © Biljana Gaurina

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Paris, Théâtre de la ville. 10-XI-2012. Amando Ivancic (1727-1790): Sinfonia pour cordes n°9; Joseph Haydn (1732-1809): Concerto pour violoncelle n°1 en do majeur, Hob. VIIb.1; Ivo Malec (né en 1925), Lumina pour cordes et bande magnétique; Piotr Illich Tchaikovsky (1840-1893): Sérénade pour cordes en ut majeur, op.48. Les Solistes de Zagreb; Marc Coppey, violoncelle solo et direction

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