Un titre proustien ne signifie pas pour autant une musique fleuve aux développements infinis et une dissolution du langage.
Pour preuve, ces pièces courtes dans le temps et condensées dans l'expression sont de petites merveilles dans lesquelles la flûte, instrument-roi de la France de la Belle Époque, synthétise les mélodies vaporeuses et les passages virtuoses.
La très belle flûte moderne en bois du belge Toon Fret et le piano accompagnateur discret mais présent de Veronika Iltchenko ont un judicieux équilibre sonore pour un échange musical d'un grand raffinement. Toon Fret use d'un vibrato très discret dans les fins de phrases, sa sonorité reste d'une grande pureté malgré les difficultés. Les transcriptions des Chansons de Bilitis sont tellement justes au niveau de l'intonation qu'elles semblent avoir été écrites pour cet instrument ! Il faut une virtuosité certaine pour s'approprier ces pièces, parfois de concours, telles la Fantaisie de Gabriel Fauré ou le Cantabile et presto de George Enescu, que
Toon Fret possède évidemment, avec une ligne supplémentaire d'intentions qui transforme le « simple » digitalisme technique en expressivité imagée.
Un moment dans l'histoire de la musique et dans le parcours personnel de leurs auteurs qui prendront pour quelques-uns des chemins plus ardus que ceux des salons intellectuels embourgeoisés de la capitale. Très bon livret d'accompagnement en français.