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Malakoff. Théâtre 71. 12-X-2012. Le Roi du Bois de Pierre Michon, mise en scène de Sandrine Anglade; musique originale de Michèle Reverdy; scénographie et costumes Claude Chestier; création lumière, Eric Bosse. Jacques Bonaffé, Domenico Desiderii adulte; Roman Rondepierre, Domenico Desiderii enfant; Quatuor Varèse: François Galichet et Jean-Louis Constant, violons; Sylvain Séailles, alto; Thomas Ravez, violoncelle.
Ecrit par Pierre Michon en 1996, le Roi du Bois est le récit d'une désillusion, d'un échec. Gian Domenico Desiderii – Jacques Bonaffé captivant – le seul protagoniste de cette histoire, est un homme du peuple, porcher de sa condition mais avide d'accéder à un autre milieu que le sien; pour cela, et avec l'espérance de s'élever à l'égal des grands, il restera vingt ans au service de Claude Le Lorrain, peintre français du XVIIème siècle qui résidera et mourra à Rome en 1682.
Aujourd'hui ce « Roi du Bois et toujours valet des hommes » se remémore certains épisodes de son enfance et son séjour à Tivoli, autant d'expériences du luxe et de la beauté qu'il n'aura jamais pu atteindre, observateur passif et démuni qui voit cette autre vie rêvée lui échapper. C'est d'abord, un jour de son enfance, ce carrosse qu'il voit s'arrêter en pleine nature et cette princesse – sa « visitation » – qui en descend et soulève ses dessous de dentelle pour pisser dans les fougères; ou, quelques années plus tard, cette société d'artistes déambulant dans les jardins de Tivoli pour admirer les frondaisons d'une nature qu'ils vont idéaliser dans leur tableau alors que lui, toujours valet des grands, devra se contenter de broyer leurs couleurs.
Aux mots charnus et sonores, cinglés d'ironie rageuse, de Pierre Michon dont Jacques Bonaffé donne toute la saveur, Michèle Reverdy associe une très belle partition pour quatuor à cordes – épatant Quatuor Varèse – qui tantôt creuse le mystère (bruissement délicat des cordes) tantôt ouvre l'espace du récit, l'anticipant ou le prolongeant selon d'habiles mouvements de tuilage. Dans cet « opéra parlé » comme l'intitule la compositrice, les musiciens du quatuor sont costumés et participent à la mise en scène très suggestive de Sandrine Anglade – ils seront les peintres de Tivoli – se déplaçant au gré de l'histoire pour jouer parfois en solistes.
Le décor consiste en une installation de tulle sur laquelle joue la lumière; cet habitacle subtilement mis en valeur d'où nous parvient au début la musique puis une voix d'enfant – celle de Roman Rondepierre figurant le jeune Desiderii – va progressivement se défaire comme se fissurent les souvenirs et s'abolissent à mesure les visions azurées du personnage. Lorsque tout est mis à bas, la musique elle-même s'arrête pour laisser cet « indigné » terminer seul son long discours plein d'amertume par cette exhortation: « Maudissez le monde, il vous le rend bien! ».
Crédits photographiques : Jacques Bonaffé © C. Willemin ; Vue d'ensemble © Pascal François
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Malakoff. Théâtre 71. 12-X-2012. Le Roi du Bois de Pierre Michon, mise en scène de Sandrine Anglade; musique originale de Michèle Reverdy; scénographie et costumes Claude Chestier; création lumière, Eric Bosse. Jacques Bonaffé, Domenico Desiderii adulte; Roman Rondepierre, Domenico Desiderii enfant; Quatuor Varèse: François Galichet et Jean-Louis Constant, violons; Sylvain Séailles, alto; Thomas Ravez, violoncelle.