En préambule, cette juste conclusion de l'auteur du livret de présentation de « Par une froide journée d'hiver », Albert Seitlinger : « Mais quand on écoute la musique du Quadriga Consort, tout contexte historique devient très vite obsolète : voici de la musique, tout simplement, sans étiquettes et non-cataloguée, à la fois ancienne et nouvelle, intemporelle et sans date de péremption ».
L'intention affichée sans faux-fuyants est donc bien, en s'appuyant sur des chants de Noël anciens et sur d'autres airs reliés aux îles britanniques, d'en réactualiser l'exécution et de modifier profondément les dispositions réceptives des auditeurs. Dès l'abord il faut bien reconnaître que l'entreprise constitue à la fois une exigence et le résultat une réussite authentique allant bien au-delà de ce que l'on aurait pu imaginer.
Le mérite en revient au soin extrême apporté aux arrangements et à l'exécution. La voix d'Elisabeth Kaplan, son timbre caractéristique, sa diction précise et son engagement quasi théâtral sont pour beaucoup dans l'attrait indéniable qu'exercent ces dix-huit pièces reprenant des traditionnels anglais, irlandais, écossais et gallois, d'où ressurgissent des airs bien connus de tout un chacun. La réussite revient à part égale aux six musiciens (violes de gambe, flûtes à bec, violoncelle baroque et percussion) dirigés depuis le clavecin par Nikolaus Newerkla. Leurs timbres délicats, leurs attaques parfaites, leur jeu individuel et collectif métamorphosent ces chants en les modernisant et en les rendant fort agréablement écoutables indépendamment de tout carcan académique dont le respect aurait, à n'en point douter, fortement amoindri l'intérêt de nos oreilles contemporaines.