Audio, Opéra, Parutions

Magdalena Kožená ou Carmen sans Carmen

Plus de détails

Instagram

Georges Bizet (1838-1875) : Carmen, opéra en quatre actes sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la nouvelle de Prosper Mérimée. Avec : Magdalena Kožená, Carmen ; Jonas Kaufmann, Don José ; Genia Kühmeier, Micaëla ; Kostas Smoriginas, Escamillo ; Christina Landshamer, Frasquita ; Rachel Frenkel, Mercédès ; Simone Del Savio, Le Dancaïre ; Jean-Paul Fouchécourt, Remendado ; Christian van Horn, Zuniga ; André Schuen, Moralès. Chor der Deutschen Staatsoper Berlin (chef de chœur : Eberhard Friedrich). Kinderchor der Deutschen Staatsoper Berlin (chef de chœur : Vinzenz Weissenburger). Orchestre Philharmonique de Berlin, direction : Sir Simon Rattle. 2 CD. EMI Classics 50999 4 4028527. Code-barre : 5099944 028527. Enregistré du 16 au 21 avril 2012 à la Philharmonie de Berlin. Notice en anglais, allemand et français. Durée : 71’41’’ et 78’06’’.

 
Instagram

De Maria Callas à Angela Gheorghiu, les chanteuses les plus improbables ont été nombreuses à vouloir s'illustrer dans le rôle de la belle cigarière, et cela avec plus ou moins de bonheur.

Si certaines Françaises que l'on n'attendait pas ont fait plutôt belle figure – Régine Crespin à la fin des années 70…–, et si des Espagnoles au timbre plutôt clair ont su briller de mille feux – Victoria de Los Angeles, Teresa Berganza… –, certains ratages ont été retentissants, soit en raison soit de l'inadéquation des moyens vocaux – Leontyne Price, , Jessye Norman –, soit à cause d'un tempérament musical et dramatique totalement inadapté : on pensera à l'exemple d'Anne Sofie von Otter, il y a encore quelques saisons de cela.

C'est résolument dans cette dernière catégorie que l'on rangera la Carmen de , attachante cantatrice dont personne n'aura l'audace de dire qu'elle ne sait pas chanter. Notre belle blonde traverse la partition avec ce qui, dans un tel contexte, ne peut passer que pour de la nonchalance, susurrant ses beaux phrasés avec certes une musicalité consommée, mais aussi avec une absence de niaque véritablement désarmante pour un tel rôle. Devant un personnage autant dépourvu de sex-appeal, on comprendra qu'au deuxième acte José préfère rentrer sagement dans sa caserne, plutôt que de se laisser séduire par une Carmen à ce point soporifique. Et quand José a le feu et l'ardeur de , on mesure encore davantage le poids de cette regrettable erreur de distribution.

Kaufmann, comme à son accoutumée, brûle les sillons sinon les planches, sculptant avec art sa partie musicale et délivrant les plus belles demi-teintes qu'il nous soit donné d'entendre aujourd'hui de la part d'un de nos ténors. Le timbre de plus en plus barytonnant convient idéalement à la tessiture plutôt centrale du rôle, et le portrait dramatique est une fois encore exemplaire. Une torche vivante ! À ses côtés, la jeune est une Micaëla bouleversante et toujours bien chantante, sachant elle aussi renouveler chaque phrase d'une partition que l'on connaît certes par cœur, mais qui semble reprendre vie et sens à chaque instant. Les autres interprètes sont tous à la hauteur de leur partie, même si aucun ne brille particulièrement, à commencer par l'Escamillo sans véritable charisme de Kostas Smoriginas. On louera dans l'ensemble l'excellence du français de chacun, le seul francophone du lot semblant être dont le Remendado toujours aussi truculent commence tout de même à donner quelques signes d'usure.

Des chœurs et de l'orchestre, on ne saurait dire assez les multiples beautés. Comme souvent, la lecture plutôt analytique de fait fi du poids de la tradition et des idées reçues, redonnant force, jeunesse et conviction à une partition ensorcelante dont on redécouvre à tout moment les ineffables subtilités ; réécoutez l'orchestration du duo José/Micaëla du premier acte ! Mais on dira ce qu'on voudra, une Carmen qui ne vibre que par son José et sa Micaëla, ce n'est pas une Carmen

(Visited 637 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Georges Bizet (1838-1875) : Carmen, opéra en quatre actes sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la nouvelle de Prosper Mérimée. Avec : Magdalena Kožená, Carmen ; Jonas Kaufmann, Don José ; Genia Kühmeier, Micaëla ; Kostas Smoriginas, Escamillo ; Christina Landshamer, Frasquita ; Rachel Frenkel, Mercédès ; Simone Del Savio, Le Dancaïre ; Jean-Paul Fouchécourt, Remendado ; Christian van Horn, Zuniga ; André Schuen, Moralès. Chor der Deutschen Staatsoper Berlin (chef de chœur : Eberhard Friedrich). Kinderchor der Deutschen Staatsoper Berlin (chef de chœur : Vinzenz Weissenburger). Orchestre Philharmonique de Berlin, direction : Sir Simon Rattle. 2 CD. EMI Classics 50999 4 4028527. Code-barre : 5099944 028527. Enregistré du 16 au 21 avril 2012 à la Philharmonie de Berlin. Notice en anglais, allemand et français. Durée : 71’41’’ et 78’06’’.

 
Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.