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L’édition 2012 du Verbier festival s’est ouverte sur les chapeaux de roue, avec à la baguette, le chef d’orchestre suisse Charles Dutoit, directeur musical de l’orchestre des jeunes du festival, pour des affiches de prestige dont une version de concert de Pelléas et Mélisande de Debussy avec un casting à faire courir les amoureux de la partition.

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L'édition 2012 du s'est ouverte sur les chapeaux de roue, avec à la baguette, le chef d'orchestre suisse , directeur musical de l'orchestre des jeunes du festival, pour des affiches de prestige dont une version de concert de Pelléas et Mélisande de Debussy avec un casting à faire courir les amoureux de la partition.   

Les échos d'avant festival se faisaient déjà annonciateurs d'un niveau superlatif et d'un nombre record de jeunes candidats venus des quatre coins du monde pour participer dans le Valais aux activités orchestrales intensives et estivales. En effet, le niveau de l'orchestre ainsi constitué atteint, cette année, des sommets. Bien évidemment, il est toujours loisible de trouver ça-et-là des scories et des attaques décalées, mais la technique d'ensemble et la culture du style se sont additionnées au traditionnel engagement sans faille des jeunes musiciens .

Présentée comme l'évènement annuel du festival, la version de concert de de Pelléas et Mélisande de fut un très grand moment de bonheur orchestral. Auteur d'un enregistrement majeur de la partition (Decca), est à son affaire dans le langage subtil et en clair-obscur de . Il parvient à faire sonner l'orchestre avec une intensité et un sens des couleurs absolument exemplaires. L'oreille tombe sous le charme du galbe aérien des cordes ou des sonorités limpides des vents. Côté chanteur, est un Pelléas des plus idiomatiques par sa connaissance des moindres recoins du personnage, par sa diction exceptionnelle et par la beauté naturelle de son timbre. Son incarnation d'un Pelléas grave et  ombrageux, restera l'un des grands moments de cette édition.  Très attendue, la Mélisande de n'évolue pas au même niveau stratosphérique. La grande chanteuse bute sur sa vision indéterminée de son personnage, sorte de bloc de glace insensible aux évènements. Le côté adolescente éperdue convient à l'acte I mais manque de profondeur à l'acte V. Légendaire Golaud, , pourtant retiré des productions scéniques, est de retour pour une interprétation du mari trompé. Evidemment, il connait toutes les  inflexions et nuances de la partition et il est visiblement heureux de se confronter, à nouveau,  à ce personnage. Mais le poids des années rend redoutable les carences du timbre et les limites du contrôle de la tessiture, surtout dans le grave. Arkel de luxe, , autre baryton de classe mondiale, est empêtré dans un timbre de plus en plus rocailleux et dans une ligne de chant instable. A l'inverse de ses congénères, sa prononciation n'est pas des plus séduisantes. Mention  bien par contre pour en Geneviève et pour les comparses, très séduisants, avec une très bonne Julie Mathevet en Yniold.

On retrouvait aux commandes d'un concert symphonique Weber-Brahms et Tchaïkovski, des répertoires assez éloignés de son arbre généalogique naturel. Il n'empêche, en grande forme, le chef suisse aura relevé le défi, porté par le brio et l'énergie des musiciens de l'orchestre. Dès les premières notes de l'ouverture d'Euryanthe de Weber, la sonorité d'ensemble de la phalange s'avère esthétiquement et techniquement optimale. Dans la  Symphonie n°5 de Tchaïkovski, le chef fonce tête baissée, enivré par un tonus instrumental gavé  à l'Ovomaltine. Il en résulte une lecture très physique, mais expurgée de toute facilité sentimentale. Fidèles du festival, les frères Capuçon affrontaient le Double concerto de Brahms. On apprécie de retrouver un duo techniquement parfait, même si un peu trop luxueux et manquant d'abandon. Le public, renforcé d'autres jeunes membres de l'Académie du festival, fait ce qu'il faut pour réchauffer l'ambiance un peu austère des premières soirées du festival.

Côté musique de chambre, cette édition nous a un peu laissé sur notre faim, par des programmes trop démonstratifs ou par des alliances mal formées.

Présenté comme le quatuor n°1 de la scène française, le quatuor Ebène, proposait un concert fleuve avec trois chefs d'œuvres : le Quatuor n°19 « les dissonances » de Mozart, le Quatuor n°13 « Rosamonde » de Schubert et le Quatuor n°1 de Tchaïkovski. Avec Mozart, on en reste à une lecture à haute altitude, techniquement ultra-léchée mais vaine et plate dans ses intentions. Changement de registre avec un Schubert, également irréprochable dans le fini instrumental, mais manquant de naturel. Un bol d'air était nécessaire après cette première partie fort longue ; l'addition de pièces majeures s'avérant parfois tueuse. Comme avec beaucoup de formations contemporaines, les Ebène, proposent une perfection instrumentale mais ils peinent à véhiculer  émotion et vécu.

Les matinées de musique de chambre sont souvent propices à de belles découvertes ou à des confirmations. Clarinettiste majeur de la scène actuelle, Martin Fröst  atteignait une rare pureté mozartienne dans le Trio les Quilles. L'altiste Lawrence Power se hissait à son niveau ce qui n'était hélas pas le cas de la pianiste . On a rarement entendu jeu plus linéaire et terne en variété de toucher, un Mozart de mauvais conservatoire… Lawrence Power restait sur scène pour le Divertimento K 563 de Mozart. Il était rejoint par et Mischa Maïsky. Toujours rayonnant, s'avéra un fin mozartien, sensible, frais et classieux. On n'en dira pas autant de Mischa Maïsky au vibrato, comme toujours, envahissant, et au style, comme toujours, inadapté. Le dialogue violon/violoncelle était donc impossible. En introduction, Lawrence Power, fil conducteur de ce concert, avait créé une pièce pour alto et piano de la jeune Etasunienne Charlotte Bray, sorte d'aimable voyage à travers les tendances de la musique contemporaine. On pointe un travail sur les timbres, mais on en reste à un honnête pensum de fin d'études.

Excellent violoniste habitué à explorer les répertoires rares proposait une soirée autours des compositeurs juifs internés au camp de concentration de Terezin. Il était accompagné d'une sorte de « Dream team » : , , , Martin Fröst et même Thomas Quasthoff, en récitant de luxe.  On en retient surtout les pièces de et surtout de Gideon Klein, fauché à 25 ans par les monstres fascistes et dont le Trio à cordes opus 2 alternait l'intensité musicale et la rugosité moderniste.

A l'orée de ses 20 ans le festival est toujours plein d'idées : ainsi en 2013, un Festival Music Camp accueillera soixante jeunes musiciens pour 3 semaines de travail d'orchestre. Daniel Harding en sera le chef attitré. Avec l'orchestre du festival et l'orchestre de chambre, le hébergera près de 250 jeunes artistes.

Crédits photographiques : Aline Paley et Nicolas Brodard

 

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