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Gergiev et le LSO touchés par la grâce

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Aix en Provence. Grand Théâtre de Provence. 12-VII-2012. Igor Stravinsky (1882-1971) : Feu d’artifice, Fantaisie pour orchestre op.4 ; L’Oiseau de Feu. Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893) : Concerto pour violon en ré majeur op.35. Nikolaj Znaider, violon. London Symphony Orchestra, direction : Valery Gergiev.

et son orchestre du faisaient escale à Aix-en-Provence jeudi dernier pour deux concerts dans le cadre du Festival d'Aix en Provence. Pour la première des deux soirées, le soliste invité était le violoniste Nikolaj Znaider dans un programme entièrement russe. Avec une maestria sidérante, Gergiev a transcendé les débats notamment dans une version  d'anthologie de l'Oiseau de feu.  Retour donc sur un concert qui, à n'en pas douter, restera gravé dans l'histoire du festival.

Assez peu joué en concert, Stravinsky et son Feu d'artifice constitue une « mise en bouche » de choix. Gergiev prend d'emblée possession des lieux, frémissant jusqu'au bout des doigts avec une gestuelle qui n'appartient qu'à lui. Ce n'est pas seulement une direction d'orchestre, c'est une incarnation charnelle et viscérale de la substance musicale. Des fils invisibles semblent le relier aux musiciens tellement la précision du geste est percutante. Nourrie par une fougue presqu'animale et instinctive, sa concentration semble absolue. Fidèle à sa réputation, le LSO ménage à merveille ses effets de surprise et laisse entrevoir un équilibre dynamique idéal. On en oublie l'armada de cordes présents sur scène : une seule et même voix se fait entendre, nuancée et flexible à l'extrême.

L'acoustique des lieux fait malheureusement des siennes dans le Concerto pour violon de Tchaïkovski. L'inégalité des plans sonores ne permet pas d'apprécier pleinement  le jeu du violoniste, faussant sensiblement l'écoute. Pour équilibrer l'ensemble, les contrebasses sont régulièrement obligées d'être placées à la gauche de la scène derrière les premiers violons…

Nikolaj  Znaider manque de « corps » face à un orchestra irrésistible à l'approche du moindre climax. Pourtant, son vibrato particulièrement chaud et expressif (précisons qu'il joue le «Guarneri del Gesù» ayant appartenu à Fritz Kreisler) et sa technique très sûre sont limpides notamment dans l'Andante con moto, fenêtre ouverte sur l'âme russe, où il laisse éclater un lyrisme évocateur. Dans le dernier mouvement, l'orchestre imprime à la partition une  expressivité à tout point de vue bouleversante.  Les traits effrénés rapsodiques sont percutants et séduisants à souhait. Znajder offre un bis enjoué, la Gavote en rondo de la 3e Partita de Bach, d'expression plus romantique que baroque.

Après l'entracte, la science musicale du sorcier Russe fait à nouveau parler d'elle dans une version époustouflante de l'Oiseau de feu. La palette sonore atteint un paroxysme de couleurs et de nuances millimétrées. Basses profondes habitées, bois aériens et inspirés… les instrumentistes sont tout simplement à leur meilleur. L'auditeur est aspiré et entrainé au cœur d'une expérience des plus grisantes. L'œuvre prend vie sous nos yeux : l'oiseau, majestueux et insaisissable, virevolte avec frénésie et vient par moment nous narguer. Un véritable succès et un immense bonheur partagé par tous si on en juge par les longues minutes d'ovation du public aixois.

Crédit photographique : © Itar Tass

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Aix en Provence. Grand Théâtre de Provence. 12-VII-2012. Igor Stravinsky (1882-1971) : Feu d’artifice, Fantaisie pour orchestre op.4 ; L’Oiseau de Feu. Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893) : Concerto pour violon en ré majeur op.35. Nikolaj Znaider, violon. London Symphony Orchestra, direction : Valery Gergiev.

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