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Charpentier chez Ikea à Srebrenicaix en Provence

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Aix-en-Provence, théâtre de l’Archevêché. 11-VII-2012. Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : David et Jonathas, tragédie biblique en cinq actes et un prologue sur un livret du Père François de Paule Bretonneau. Mise en scène : Andreas Homoki ; scénographie : Paul Zoller ; costumes : Gideon Davey ; lumières : Franck Evin. Avec : Pascal Charbonneau, David ; Ana Quintans, Jonathas ; Neal Davies, Saül ; Frédéric Caton, Achis ; Krešimir Špicer, Joabel ; Dominique Visse, la Pythonisse ; Pierre Bessière, l’ombre de Samuel. Choeur et orchestre les Arts Florissants, direction : William Christie

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Revisiter une oeuvre, lui donner un autre niveau de lecture, relever un sens caché est une chose. Transposer de façon improbable et se faire s'agiter les acteurs sur scène en est une autre.

La Traviata dans un sanatorium, Katya Kabanova dans une cour d'HLM, Carmen à la frontière américano-mexicaine ou Dialogues des carmélites dans une secte new age, cela peut marcher si cela fait sens. Force est de constater que , en transposant David et Jonathas en un Brokeback Mountain version guerre de Bosnie à l'intérieur d'un sauna finlandais géant, donne dans le kitsch, le grand guignol et surtout le ridicule. Les chanteurs vont et viennent, tombent, se relèvent, … Pourquoi ? Allez savoir ! ça permet de « meubler » les reprises et danses. A propos de danse, tous les intermèdes à l'origine dansés se font avec d'incessants levers de rideau, mettant en scène David et Jonathas enfants dans des scènes de pantomime. Si Saül déteste David, c'est que l'épouse de Saül est décédée dans sa cuisine, face à David. Mais bon sang mais c'est bien sûr ! le jeune David de dix ans ne sachant pas faire de massage cardiaque est donc responsable, par non assistance à personne en danger, du décès de Madame Saül. Et quand Saül va consulter la Pythonisse, que croyez-vous qu'il arrive ? c'est Madame Saül qui apparaît, habillé dans le plus seyant ensemble, robe jaune et tablier noir (plus fichu sur tête) de bonne mère d'une famille rurale des Balkans. Le tout dans un décor réduit a minima de panneaux coulissants en bois brut, lourds de symboles : quand Jonathas déplore de devoir partir en guerre contre David, les murs se serrent près de lui jusqu'à l'étouffement. Si le ridicule tuait, Aix-en-Provence serait en en une de tous les journaux.

Il reste la musique, à écouter les yeux fermés. est dans son élément avec . Le support orchestral, très étoffé, nous éloigne de l'idée reçue du baroque intime. Tout respire le grandiose et le majestueux sans jamais verser dans le grandiloquent ni l'emphatique. Christie, par un très fin dosage des plans sonores, sait trouver les couleurs idéales pour cette musique, qu'il défend inlassablement depuis près de quarante ans. Le plateau, du moins pour les premiers rôles, ne déçoit pas non plus. est plusieurs fois en péril en raison de la tessiture impossible de David mais se sort avec professionnalisme des difficultés. récolte une moisson méritée d'applaudissements, et l'ensemble des voix graves savent allier une diction soignée à une ligne de chant soutenue. Quant à , il reste toujours égal à lui-même. Si le choeur des Arts Florissants se défend plutôt bien en tutti les solistes qui assurent les seconds rôles alternent le très bon au médiocre – les solistes des académies européennes précédents auraient pu être distribués.

Cette production scéniquement indigente est-elle digne d'un festival voulant se placer parmi les grands (Salzbourg, Glyndbourne, Savonnlina, etc.) ? Certainement pas ! La liaison entre David et Jonathas, sous ses atours platoniciens Grand Siècle, est évidente et aurait pu être le fruit d'un travail psychologique plus poussé. Vu le résultat ce soir, une version de concert aurait finalement été préférable.

Crédit photographique : (David), (Saül) & (Jonathas) ; (la Pythonisse) & (Saül) © Pascal Victor / Artcomart

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Aix-en-Provence, théâtre de l’Archevêché. 11-VII-2012. Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : David et Jonathas, tragédie biblique en cinq actes et un prologue sur un livret du Père François de Paule Bretonneau. Mise en scène : Andreas Homoki ; scénographie : Paul Zoller ; costumes : Gideon Davey ; lumières : Franck Evin. Avec : Pascal Charbonneau, David ; Ana Quintans, Jonathas ; Neal Davies, Saül ; Frédéric Caton, Achis ; Krešimir Špicer, Joabel ; Dominique Visse, la Pythonisse ; Pierre Bessière, l’ombre de Samuel. Choeur et orchestre les Arts Florissants, direction : William Christie

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