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Eric Baratin, fondateur du label Ligia

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Le label Ligia fête ses vingt ans. Depuis 1992, ce label, au sens noble du terme, accompagne les jeunes artistes et les répertoires rares. Près de 250 disques composent un catalogue unique en France. Eric Baratin, fondateur du label s’explique sur le présent et l’avenir de son entreprise, alors que le marché du disque est en plein bouleversements.

 
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Le label Ligia fête ses vingt ans. Depuis 1992, ce label, au sens noble du terme, accompagne les jeunes artistes et les répertoires rares. Près de 250 disques composent un catalogue unique en France. Eric Baratin, fondateur du label s'explique sur le présent et l'avenir de son entreprise, alors que le marché du disque est en plein bouleversements.

ResMusica : Pouvez-vous nous expliquer les débuts de Ligia et les ambitions qui étaient les vôtres à l'aube de cette aventure ?

Eric Baratin : Ligia a été créé en mai 1992 par et moi-même pour répondre au besoin d'un jeune musicien français de prolonger par le disque sa carrière musicale.
En effet, Olivier a réalisé un premier enregistrement consacré à Bruhns, Hanff et Kneller (trois précurseurs de J.S. Bach) chez REM suite à son 1er Prix au concours International d'Orgue de Bordeaux. Cette expérience ne lui semblant pas satisfaisante ni artistiquement ni techniquement, il s'est alors mis en quête d'un nouveau label. Voyant se fermer toutes les portes, nous avons alors décidé de créer notre propre label afin de permettre à Olivier de réaliser ses enregistrements dans les conditions qu'il jugeait optimales. Dès le début nous avons pensé que cela n'était viable et intéressant artistiquement que si nous arrivions à offrir cette même opportunité à d'autres musiciens de sa génération confrontés aux mêmes difficultés. Nous avons donc aussi délibérément choisi d'initier des rencontres entre jeunes musiciens mais aussi avec des instrumentistes réputés afin de leur faire profiter de l'expérience et des connaissances acquises par leurs ainés !

RM : Quel bilan tirez-vous de ce parcours et des 245 disques de votre catalogue ?

EB : Pour , sur un plan personnel, ceci a été un véritable enrichissement artistique et lui a permis, grâce aux nombreuses directions artistiques qu'il a effectuées, de découvrir ou d'améliorer ses connaissances sur un grand nombre d'instruments et de répertoires. C'est là sans doute une des clefs de sa curiosité musicale et de l'éventail des styles musicaux qu'il est capable d'aborder. D'un point de vue plus général, je dirais que cette aventure nous a permis de rencontrer et d'aider de très nombreux jeune musiciens, de faire découvrir des œuvres méconnues ou complètement oubliées et vivre des aventures humaines très très enrichissantes à la fois humainement et artistiquement. Financièrement parlant, c'est différent, je dirais qu'il faut être passionné et ne pas s'attendre à faire fortune lorsque l'on produit des disques de musique classique de nos jours…

RM : Comment choisissez-vous  les programmes de vos disques ?

EB : Ils sont choisis en parfait accord avec les musiciens. Lorsqu'il s'agit d'interprètes avec lesquels nous travaillons depuis de nombreuses années, nous nous faisons confiance et nous connaissons nos choix éditoriaux et musicaux respectifs ! Quand il s'agit d'une nouvelle collaboration, nous incitons les jeunes musiciens, dans le cadre de leurs goûts artistiques, à explorer des répertoires inédits car nous sommes convaincus qu'ils se feront ainsi plus facilement ‘remarquer' que s'ils enregistrent la énième version de tel chef d'œuvre du répertoire immortalisé par leurs aînés… vient bien plus tard le temps de se mesurer aux illustres anciens !

RM : Comment distinguez-vous le travail de Ligia, dans un univers où les parutions discographiques ne cessent de se multiplier souvent tirant le niveau général vers le bas avec des labels autoproduits et des rééditions ?

EB : Distribué par Harmonia Mundi depuis 1999, notre label est reconnu pour les qualités artistiques et techniques de ses productions ainsi que pour son originalité. Mais plus que tout cela, je dirais que nous sommes l'un des derniers labels français travaillant de manière artisanale, au sens noble du terme, choisissant ainsi de limiter nos nouvelles parutions à une dizaine par an afin de travailler dans le temps, en profondeur, avec ‘ses' artistes fidèles et d'y consacrer toute sa passion pour la musique… dans l'espoir de vous la faire partager !

RM : Quels sont vos meilleurs marchés en dehors de la France ?

EB : Les pays européens francophones, l'Italie et les USA (très amateurs de musique française) ; toutefois notre marché national reste extrêmement prépondérant excepté pour le téléchargement où les USA sont très en avance.

RM : Est-ce que vous envisagez la mise sur pieds d'un site internet 100% Ligia ?

EB : dispose d'un site personnel dans lequel et présenté, entre autres, la totalité de ses disques (environ 30 % de nos parutions). Pour ce qui est de Ligia, notre catalogue est disponible à la vente sur internet tant en CD que dématérialisé sur la plupart des sites légaux. Toutefois, un site vitrine ne serait pas inutile mais, c'est actuellement un luxe nous ne nous pouvons nous offrir et, de plus, j'ai peur que cela me prenne beaucoup de temps à leur faire vivre par la suite ; je travaille seul et je ne compte déjà pas mes heures…

RM : Quelle est la part du téléchargement dans vos ventes ? Ligia est un label réputé pour ses prises de son, n'êtes-vous pas méfiants devant le téléchargement en qualité normale ?  

EB : Le téléchargement représente actuellement un peu moins de 10 % de notre chiffre d'affaires mais cela compte beaucoup et va très certainement se développer fortement à l'avenir. Je suis très à l'écoute des nouveautés technologiques (je suis ce qu'on appelle communément un GEEK…) et je crois beaucoup à la musique dématérialisée. J'ai moi-même un serveur multimédia sur lequel j'ai déjà l'équivalent de près de 1.200 CD en qualité ‘CD' ou plus (Studio Master) comme le propose désormais de plus en plus de sites de ventes légaux tel que QOBUZ par exemple. La qualité dite ‘normale' me semble une aberration pour la  musique classique du moins pour une utilisation non-nomade sur du matériel Hi-Fi d'une qualité, elle, en constant progrès !

RM : Alors que certaines marques de voitures sont en train de bannir les lecteurs CDs de leurs véhicules, comment voyez- vous l'avenir des enregistrements ?

EB : Pour compléter ma réponse à votre précédente question, je dirais que depuis 2001 je réalise la totalité de nos enregistrements en format haute-définition (96 Khz  et 24 bit) afin de préserver la possibilité de mettre la disposition des mélomanes avertis les programmes de nos productions dans une qualité 5 fois supérieur à celle du CD. Ce qui n'était possible jusqu'à maintenant qu'en SACD, (le DVD-AUDIO ayant fait long feu) trop coûteux et marginal pour notre label, est devenu réaliste avec l'avènement du téléchargement en haute-définition, il nous est désormais possible de le mettre à la disposition de nos amis mélomanes quasiment sans coûts supplémentaires. De plus, depuis le printemps 2012 j'ai choisi de faire un nouveau ‘bon technologique' en décidant de réaliser la plupart de nos enregistrements en multicanal 5.1 haute-définition et pour cela j'ai choisi de renouveler ma confiance à la marque de microphones Schoeps et j'utilise leur nouvelle sphère KFM 360 et son processeur DSP-4 KFM 360 relié à un enregistreur Zaxcom ; le top du top… ceci permettra de mettre en vente, en ligne, des mixages 5.1 ce qui est intéressant pour restituer les acoustiques généreuses que j'affectionne !

RM : Quels sont vos futurs projets ?

EM : Ils sont nombreux. Pour les prochains mois, il y aura du par les Passions de Montauban,  un album Fernand de La Tombelle par et le , un nouvel enregistrement des Suites pour violoncelle solo de Bach par Claire Giardelli, spécialiste du violoncelle baroque et qui nous propose une vision différente de ces chefs-d'œuvre rabâchés…Nous allons aussi publier un quintette pour piano, deux violons, alto et violoncelle inédit de , une œuvre contemporaine particulièrement intéressante et bouleversante (ce qui est rare de nos jours) complétée par le trio de Chopin ; l'intégrale de l'œuvre pour deux pianos de pour laquelle s'est adjoint la participation de , nous devrions également regrouper en un coffret de 8 CD l'intégrale de l'œuvre pour claviers (clavecin, orgue,…)  de enregistrée par et justement récompensée à de nombreuses reprises par la presse spécialisée… Enfin, à plus long terme parmi les projets originaux nous devrions enregistrer, en 2013, les deux concertos de pour piano et orchestre de Brahms dans des versions inédites à 8 mains : 4 à l'orgue et 4 au piano pour le n°1 et les 8 réunies sur un double-piano Pleyel…

Crédits photographiques : © J-B Millot

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