La Pacific Chorale en tournée à Paris

Visite à Paris, pour quatre concerts, de la Pacific Chorale, chœur californien fondé en 1968. La sonorité de l'ensemble est large et homogène, pas toujours très raffinée, mais belle sur toute la tessiture. L'accent soigné et l'expression chaleureuse soutiennent l'attention. Après une superbe introduction de Thierry Escaich à l'orgue dont il est titulaire, la Pacific Chorale offre deux de ces pièces spirituelles contemporaines dont le public anglo-saxon est friand. En France, on goûte moins ce style qu'on peut juger un peu mièvre, mais qui met toujours remarquablement bien en valeur les qualités chorales. Ubi caritas de Morten Lauridsen est ainsi parfaitement écrit pour donner un sentiment de plénitude et de beauté paisible, même si l'acoustique en brouille un peu les contours. Thierry Escaich, qui s'empare de ce thème dans une seconde improvisation, lui imprime son style bien plus tourmenté. Les trois Motets de sa composition, interprétés ensuite par le chœur de chambre issu de la Pacific Chorale, les John Alexander Singers, illustrent l'intensité frappante de son langage. Sur de beaux poèmes en français, qui sont entremêlés de paroles de la liturgie latine, ces pièces possèdent des qualités très remarquables. La première, délicat « regard » sur l'enfant Jésus, est l'égale des œuvres de Messiaen sur le même thème. Les deux autres sont tout aussi heureusement et habilement ouvragées, dans un style plus déclamatoire.

Le chœur revient pour rendre hommage à celui qui fut le titulaire de l'orgue de Saint-Étienne-du-Mont pendant près de cinquante ans, Maurice Duruflé. Malgré la présence d'une centaine de chanteurs, c'est la version du Requiem pour orchestre réduit qui est donnée. Les qualités du chœur se retrouvent ici, accompagnées de solistes et d'un orchestre qui sonnent bien. L'orgue, par une savante registration, y rajoute les couleurs les parties de bois et de cuivres manquantes. La principale qualité de la direction très carrée de John Alexander est de conduire avec fluidité les séquences, et d'obtenir des musiciens une conviction satisfaisante.

Crédit photographique : John Alexander © DR