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Fin du cycle Salonen-Bartok à Paris

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 25-VI-2012. Béla Bartók (1881-1945) : Le Prince de bois, suite d’orchestre op.13 ; Concerto pour piano n°3 ; Concerto pour orchestre. Nikolai Lugansky, piano. Philharmonia Orchestra, direction : Esa-Pekka Salonen

luganskyCette dernière levée du cycle Bartok d' à la tête du où on y entendit une suite de ballet, un concerto et une pièce symphonique même si intitulée pour la circonstance Concerto pour orchestre, était la remarquable synthèse de tout le cycle puisqu'on y trouvait exactement les mêmes points forts et les mêmes réserves, montrant d'ailleurs la constance de la conception et de la manière du chef.

Car retrouva instantanément ce qui avait fait le succès de son formidable Mandarin Merveilleux pour la suite d'orchestre tirée du Prince de bois, avec une animation permanente des différents épisodes, des contrastes de tempo et de dynamique tombant toujours justes, et un orchestre parfaitement dans le ton, précis et coloré. Cette interprétation s'écoulait comme une évidence, avec une fluidité jamais démentie, quI nous fit regretter que ça ne dure pas plus longtemps. Heureusement le Concerto pour piano n°3 qui enchaînait juste le temps d'un ajustement de plateau allait s'avérer aussi intéressant qu'imprédictible tant on ne savait pas ce qu'allait donner l'association du félin et lisztien Nikolai Lugansky avec la rigueur et la précision du chef, particulièrement dans cette œuvre où trouver l'unité n'est pas si aisé. Et bien les deux hommes y sont quand même assez bien parvenus, en trouvant un équilibre sonore quasi idéal entre le piano et l'orchestre, et en faisant des choix interprétatifs tranchés. Ils donnèrent une incontestable ampleur à l'Allegretto initial qu'ils développèrent avec une belle logique, et si nous y retrouvions ici ou là des accents lisztiens, ils ne nous semblèrent jamais déplacés.

Le pianiste envisagea l'œuvre d'une façon assez virile, sans trop chercher à jouer sur les subtilités, ce qui propulsa nettement ce concerto vers l'avant, porté par une vigoureuse force de frappe et une impeccable précision des doigts. Le second mouvement, un Adagio avec en son sein un Presto, fut tout aussi intelligemment construit et l'enchaînement des tempi fut réalisé sans rupture. Et l'Allegro molto final prit le parti de la virtuosité éclairée car soutenant l'expression sans en tenir uniquement lieu. Là encore les enchaînements de tempos furent convaincants et emmenèrent les auditeurs à saluer avec enthousiasme cette interprétation, qui, si elle fit des choix de style clairs, les défendit brillamment.

Brillant, le Concerto pour orchestre qui suivit après l'entracte le fut très certainement mais il ne nous parut pas aussi évident que le Prince de bois ni aussi convaincant que le concerto pour piano qui précéda. On y sentit, à certain moment, un léger déficit de caractère ou d'expression, comme si le chef restait sur la réserve, ou qu'il ne trouvait ou ne cherchait pas à donner à chaque section toute la richesse expressive qu'elle peut offrir. Certes il n'y avait ni sécheresse excessive ni hédonisme ostentatoire dans la réalisation du chef et de son orchestre, mais du coup pas tant de plaisir jouissif que cela dans une œuvre qui le supporte fort bien. On ne retint pas vraiment notre souffle dans l'Elégie, on ne sourit pas trop dans le scherzando, on ne fut pas emporté dans le Presto conclusif, symptômes d'une interprétation un peu extérieure, même si par ailleurs du niveau technique attendu de la part d'un Philharmonia constant dans l'excellence toute la soirée.

Ainsi s'achevait un cycle fort intéressant, où les sommets furent les deux mémorables suites de ballet, où les concertos furent constamment captivants, mais où les deux chefs-d'œuvre symphoniques de Bartok furent un peu en deçà, le Concerto pour orchestre quoique légèrement décevant nous sembla quand même moins « à côté » que l'étrange Musique pour cordes percussions et célesta qui ouvrit le cycle.

Crédit photographique : Lugansky Nicolaï © Caroline Doutre – Naäveharisson Parrot

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 25-VI-2012. Béla Bartók (1881-1945) : Le Prince de bois, suite d’orchestre op.13 ; Concerto pour piano n°3 ; Concerto pour orchestre. Nikolai Lugansky, piano. Philharmonia Orchestra, direction : Esa-Pekka Salonen

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