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Francisco Correa de Arauxo (1583-1654) : Tientos n° 38, 39, 40, 41, 49, 51, 53, 54, 56, 59. Patrick Bismuth violon, alto et viola da spalla. Louis Thiry à l’orgue Quoirin de l’église Saint-Tomas de Cantorbéry de Mont Saint-Aignan (Normandie). 1 CD Paraty 411116. Code barre 3760213650047. Enregistré en 2011. Livret bilingue français/anglais. Durée totale 53’23.
ParatyLe tiento ibérique est en soit une pièce magique, déjà par son terme qui évoque la recherche, l'essai, la tentation de quelque chose de nouveau capable de revêtir des formes bien diverses. Le choix de dix tientos proposés ici sur un total de soixante neuf contenus dansla Facultadorganica, illustre les recherches de l'auteur dans l'art du discours, omniprésent en Europe en ce début du XVII° siècle. Compositeur et organiste à Séville, Francisco Correa de Arauxo puise son inspiration dans l'art andalou, si cosmopolite, avec des accents appuyés proche du flamenco, des rythmes complexes, qui s'écartent du contexte religieux dans lequel il baigne pourtant alors. Il publie cet important recueil en 1626 à Alcalá de Henares, prestigieuse université. Il quitte aussi le sud pour finir sa vie dans les froides montagnes du centre de l'Espagne, dans la cathédrale de Segovia.
La présente approche est originale, et même si d'autres musiciens ont tenté l'expérience par le passé, comme Jordi Savall et Hespérion XX dès les années 80, le discours revêt un caractère assez captivant. De nombreux tientos, sont des récits de soprano ou de basse, et d'habitude interprétés sur un jeu d'orgue soliste (cornet, mixture, anche), sur un accompagnement joué sur le fond d'orgue. Ici le jeu solo est judicieusement remplacé par un archet baroque, qui d'emblée donne une souplesse inouïe au discours. Jamais l'orgue, aussi bien joué soit-il ne pourra rendre autant de nuances, de détails et d'accents que le violon. En fonction des tessitures, le choix se porte sur l'alto ou la viola da spalla, instrument retrouvé à la voix grave, plus volumineux, et qui se joue pourtant à l'épaule à la différence de la viole de gambe ou du violoncelle.
Ici l'orgue, magnifiquement restauré dans le style pré-baroque par Pascal Quoirin, est accordé au tempérament mésotonique, ce qui est idéal ici pour soutenir, grâce à une savante écriture, les mélismes de l'archet. Parfois même il dialogue avec lui lorsque les tientos sont à deux voix solistes. Un dialogue mystique et complice se crée alors, évoquant le magnifique tableau du Greco qui orne la pochette. Patrick Bismuth saisit pleinement l'essence même de cette musique toute jaillissante de lumière alors que Louis Thiry construit en profondeur l'assise même, le fondement de cette miraculeuse polyphonie. Les artistes proposent une écoute modérée, tiento par tiento, afin de s'imprégner peu à peu et pleinement des subtilités du discours. On pourra aussi se laisser enivrer jusqu'à l'étourdissement en faisant succéder ces œuvres les unes à la suite des autres, pour mettre en mouvement une vibrante résonnance.
L'art baroque de ces deux artistes est total, leur approche permettra de mieux connaître, d'aborder, et peut être de mieux comprendre cet auteur encore trop méconnu.
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Francisco Correa de Arauxo (1583-1654) : Tientos n° 38, 39, 40, 41, 49, 51, 53, 54, 56, 59. Patrick Bismuth violon, alto et viola da spalla. Louis Thiry à l’orgue Quoirin de l’église Saint-Tomas de Cantorbéry de Mont Saint-Aignan (Normandie). 1 CD Paraty 411116. Code barre 3760213650047. Enregistré en 2011. Livret bilingue français/anglais. Durée totale 53’23.
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