Jean Françaix joué par Shirley Brill : le plaisir pur de la clarinette
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Jean Françaix (1912-1997) : Concerto pour clarinette et orchestre ; Tema con variazioni. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Sonate op.94. Shirley Brill, clarinette ; Orchestre national de la Radio roumaine, Adrian Morar, direction. 1 cd APARTE AP024. Code barre : 3149028006124. Enregistré du 27 septembre au 1er octobre 2010 au Radio Romania Concert Hall. Notice trilingue (français/anglais/allemand) de Lionel Pons, intéressante et détaillée sur le contenu des œuvres. Durée totale : 59’30
ApartéJean Françaix nécessite une aisance, une accointance totale avec cet univers si particulier, donc un grand talent. La clarinettiste israélienne Shirley Brill réussit son pari : aucune faiblesse. Le musicien Jean Françaix, dont on parle bien peu souvent, est pourtant une figure attachante de la musique française, d'autant plus attachante d'ailleurs que l'on en parle justement peu, et que sa musique est un énorme pied de nez humoristique aux modes et valeurs de la musique contemporaine. La composition de ce programme, où notre compositeur se trouve associé à Sergueï Prokofiev, peut surprendre. Mais ce dernier n'est pas la carotte qui va attirer le chaland. Non, il y a bien un lien stylistique qui les rapproche, celui de l'humour et de la virtuosité exubérante et d'une solide construction. Prokofiev est davantage sardonique et motorique, mais la jubilation truculente de la clarinette et sa beauté contemplative, sa sonorité entre deux mondes permet un déploiement d'intentions très étendu.
La version originale de cette sonate de Prokofiev est pour flûte et piano, avant d'être mieux connue encore pour son arrangement au violon comme l'a demandé David Oistrakh au compositeur. Que les puristes ne s'affolent pas : ici, nous entendons une version pour clarinette et orchestre de Kent Kennan, donc un double arrangement. Si l'orchestration permet de douter de celle qu'aurait fait Prokofiev, la clarinette ajoute de la terre au ciel de la flûte et renforce sa profondeur, son ancrage dans une épaisseur et un grain que n'a pas la flûte et que l'on retrouve d'ailleurs en partie au violon.
La Concerto de Françaix, tout comme son Thème avec variations sont typiques son l'écriture : orchestre allégé, jamais en conflit avec le soliste ni soumis au rôle simplement d'accompagnateur. Le dialogue est permanent, tout chante, tout est voix, et ce avec un grand naturel. La légèreté du discours, son sourire et sa fraîcheur constants évitent avec subtilité la futilité pour nous recentrer par le biais d'une recherche de l'équilibre et de l'expression. Autant dire qu'interpréter sonore, aucun relâchement et surtout aucun raidissement lui permettent de trouver cette souplesse nécessaire à l'interprétation de cette musique. De plus, sa virtuosité musicale trouve la voix du dialogue avec l'orchestre, alors qu'une appropriation solistique du texte aurait conduit à la catastrophe du surjeu dela vedette. L'orchestre sait lui aussi donner le change et se transformer pour l'occasion en orchestre de solistes.
N'hésitez pas à ranger ce disque à la lettre F et à y revenir les jours de mauvaise humeur.
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Jean Françaix (1912-1997) : Concerto pour clarinette et orchestre ; Tema con variazioni. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Sonate op.94. Shirley Brill, clarinette ; Orchestre national de la Radio roumaine, Adrian Morar, direction. 1 cd APARTE AP024. Code barre : 3149028006124. Enregistré du 27 septembre au 1er octobre 2010 au Radio Romania Concert Hall. Notice trilingue (français/anglais/allemand) de Lionel Pons, intéressante et détaillée sur le contenu des œuvres. Durée totale : 59’30
Aparté