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Genève. Grand Théâtre. 20-VI-2012. Franz Schubert (1797-1828) : Der Wanderer, Der Zwerg, Du bist die Ruh, Die Junge Nonne. Robert Schumann (1810-1856) : Frauenliebe und –Leben. Gustav Mahler (1860-1911) : Des Knaben Wunderhorn, Fünf Rückert Lieder. Waltraud Meier, mezzo-soprano. Joseph Breinl, piano

Icône du chant wagnérien, revient au Grand Théâtre de Genève après un récital qu'elle avait donné sur cette scène en 1995.

Derrière elle, près de trente-cinq ans de carrière. Trente cinq ans de complicité avec les rôles les plus lourds du répertoire lyrique de mezzo soprano, voir de soprano dramatique. De la Leonore de Fidelio à l'Eboli de Don Carlo, en passant par la Marie de Wozzeck et la Santuzza de Cavalleria Rusticana, jusqu'aux Sieglinde de la Walkyrie, l'Ortrud de Lohengrin, la Kundry de Parsifal et l'Isolde de Tristan une Isolde de Wagner, la mezzo allemande a tout chanté. Aujourd'hui encore, il n'est de production wagnérienne digne de ce nom qui ne fait appel à ses services.

Vêtue d'une très belle (et simple) robe longue rose fuschia ceinte d'un bandeau de tissu violet, entre en scène du pas assuré de son expérience de la scène. Entamant son récital avec trois mélodies de Schubert, on reste frappé par une certaine inadaptation de la mezzo à ce style de répertoire. Si la technique vocale est irréprochable, la diction exemplaire, elle décontenance par son interprétation empreinte d'une âpreté vocale plus proche de Wagner que de Schubert. En particulier dans le fameux Du bist die Ruh que la mezzo peine à moduler dans l'esprit de ce poème vantant la plénitude de la paix.

Passée cette première impression mitigée, on espère que Schumann sera plus près de la chanteuse avec les airs du cycle Frauenliebe und –Leben. Malheureusement, on retrouve cette impression de distanciation de la cantatrice d'avec ces poèmes. Le chant est certes des plus corrects, mais l'émotion reste absente. Il faudra attendre Nun hast du mir den ersten Schmerz getan, l'ultime chant des poèmes d'Adelbert von Chamisso pour que, dans une vocalité neutre, la voix blanchie de impose un discours empreint d'une vibrante émotion. Enfin, dans sa sensibilité extrême l'artiste Waltraud Meier se révèle. Instant de grâce qui vient toucher le pianiste , jusqu'ici inintéressant accompagnateur, qui soudain s'investit dans un toucher de clavier subtil et mesuré se fondant dans l'émotion de la soliste.

En seconde partie, les airs de conviennent mieux à la mezzo allemande. Dans son Wie dis schönen Trompeten blasen, la voix de Waltraud Meier semble trouver un deuxième souffle et, sans la minime hésitation d'un aigu, on aurait touché à la perfection. Si les deux artistes paraissent plus à l'aise dans ce répertoire que dans celui de leur première partie de récital, on n'atteint quand même pas à l'exceptionnel. C'est dans son Um Mitternacht que, pour la première fois depuis le début de ce récital, la voix de Waltraud Meier s'emplit de puissance tout en restant dans une retenue qui fait douter qu'on a devant soi une interprète wagnérienne.

Réserve et distance résument, à quelques exceptions près, cette récitation vocale. Une impression qui se confirme lorsque, dans les bis que Waltraud Meier offre généreusement au public, elle laisse sa voix s'exprimer pleinement. C'est d'abord un Als Luise die Briefe ihres ungetreuen Liedhabers verbrannte KV 520 de Mozart offrant l'exquis humour de l'actrice, suivi d'un superbe Von ewiger Liebe de Brahms. Quand arrive Erklönig, quand bien même la technique vocale de la mezzo reste impressionnante, on comprend que la subtilité du chant schubertien n'est décidément pas sa « tasse de thé ». Mais, quand elle chante en ultime recours, Schmerzen tiré des Wesendonck Lieder, on mesure l'aisance de Waltraud Meier avec ce répertoire. Chantant enfin à pleine voix, elle confirme son exceptionnelle santé vocale et fait regretter que ces lieder de Wagner n'aient pas été au programme de son récital genevois.

Crédit photographique : Waltraud Meier © Nomi Baumgartl

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