La Scène, Opéra, Opéras

La vision épique de Bruno Ducol à la MPAA

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Paris, MPAA. 20-III-2012. Bruno Ducol (né en 1949) : Le Navire aux voiles mauves, une autre odyssée, opéra en 16 scènes avec prologue et épilogue sur un livret de Gilbert Lascault, pour deux solistes, chœur et ensemble instrumental. Mise en espace : Bénédicte Lesenne-Assam ; réalisation vidéo : Lorenzo Brondetta ; réalisation informatique : Franck Rossi. Pauline Leroy, mezzo-soprano, Vincent Bouchot, baryton ; voix enregistrées : Amandine Trenc et Camille. Chœur des collèges Poquelin, Lamartine, Paul Verlaine et Claude Bernard. Elèves de l’atelier instrumental de Maria Giota, du lycée Racine et du Conservatoire de Gennevilliers; direction : Philippe Nahon

Féru d'Antiquité et habité d'un imaginaire foisonnant, aime s'embarquer dans de grandes aventures sonores, qu'elles soient portées par sa fascination des volcans (Alpaya, Atitlan, Les Cerceaux de feu) ou des récits légendaires (L'Aurore aux paupières de neige ou Les Estampes du désir).

Sollicité par la MPAA qui lui passe commande, il renoue avec le récit homérique avec son opéra Le Navire aux voiles mauves, une autre odyssée, un voyage en 3D immergeant le spectateur dans un flot d'images et de sonorités colorées autant qu'évocatrices. L'odyssée regorge de trouvailles, avec son potentiel d'énigmes et d'étonnement: du Volcan de l'Effroi, dans le centre de l'île du brasier, à la falaise de Sappho qui s'élance sur la mer, en croisant les Sirènes de la férocité et Circé « qui verse aux matelots des filtres redoutables ». C'est la veine poétique de Gilbert Lascault, fidèle collaborateur et rêveur d'inouï, qui nourrit ce récit plein d'épices et de saveurs, introduit et refermé par la sonorité d'une conque marine confiée au corniste.

Sous la direction de placé à cour, avec son petit ensemble d'élèves instrumentistes – rappelons qu'à la MPAA les artistes sont amateurs – les chœurs, tous collégiens et remarquablement préparés, donnent au récit, conduit par deux chanteurs solistes, son épaisseur, son souffle et sa résonance. aime retrouver dans la ligne vocale un certain état primitif du chant, lié aux pratiques populaires, qui favorise le glissando et le timbre délicieusement détempéré. Fasciné par le rituel balinais, il fait revivre, dans le deuxième tableau, les rythmes du kecak balinais confié au chœur assis en cercle autour du narrateur qui scande ses paroles. Capitaines d'un navire dont la voile, en fond de scène, est aussi le support de la vidéo, Pauline Leroy et mènent l'aventure, entre voix chantée et récit parlé, avec une autorité exemplaire et un ton très chaleureux. Le piano et la percussion sont largement sollicités et colorent de leurs textures raffinées la ligne mélodique soliste au profil souvent incantatoire. Au centre de la scène, une grosse caisse, corps sonore toujours très attractif chez le compositeur, est reliée au dispositif électronique par le biais de capteurs; elle stylise toute à la fois le cratère rougeoyant du volcan et ses explosions et fracas en chaîne que les choristes, mailloches en main, vont déclencher; tandis que Circé et Sappho (incarnée par l'éclatante chevelure rousse d'une jeune fille vu de dos) surgissent de la masse du chœur.  Autant d'éléments actifs pour une mise en espace dont la partie électroacoustique spatialisée (sons naturels captés et chœur virtuel) creuse la profondeur et suscite l'air du large. L'artiste Camille prête sa voix (enregistrée comme celle d'Amandine Trenc) et son visage dans le traitement vidéo très étonnant de Lorenzo Brondett, apportant sa part d'onirisme à ce périple initiatique merveilleusement monté par Bénédicte Lesenne-Assam pour donner corps à la vision épique de .

Crédit photographique : © Ecole Alsacienne

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Paris, MPAA. 20-III-2012. Bruno Ducol (né en 1949) : Le Navire aux voiles mauves, une autre odyssée, opéra en 16 scènes avec prologue et épilogue sur un livret de Gilbert Lascault, pour deux solistes, chœur et ensemble instrumental. Mise en espace : Bénédicte Lesenne-Assam ; réalisation vidéo : Lorenzo Brondetta ; réalisation informatique : Franck Rossi. Pauline Leroy, mezzo-soprano, Vincent Bouchot, baryton ; voix enregistrées : Amandine Trenc et Camille. Chœur des collèges Poquelin, Lamartine, Paul Verlaine et Claude Bernard. Elèves de l’atelier instrumental de Maria Giota, du lycée Racine et du Conservatoire de Gennevilliers; direction : Philippe Nahon

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