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André Lischke : La musique en Russie depuis 1850. Éditions Fayard / Mirare. ISBN : 9 782213666419. Paris, 2012, 219 p
Fin connaisseur de la musique russe – il en a déjà publié une Histoire (des origines à la Révolution) – André Lischke poursuit son investigation en s’intéressant cette fois à la musique russe puis soviétique sur la durée d’un siècle environ, de 1850 à 1950.
Dans le format restreint de la collection Fayard / Mirare, ce travail, qu’il qualifie modestement d’aide-mémoire, a l’immense avantage de faire apparaître bon nombre d’acteurs de la vie musicale russe encore peu connus ou occultés par les grandes figures de l’Histoire: telle cette « génération intermédiaire » – entre le Groupe des cinq et Rachmaninov – des « professionnels » formés dans les Conservatoires de Saint-Pétersbourg et de Moscou tels que Liadov, Arenski, Gretchaninov, Glazounov ou encore Liapounov, groupés autour du mécène Belaïev ; ils formeront à leur tour Rachmaninov et Scriabine, deux personnalités au sommet d’une lignée qui redonne vie notamment à la sonate et au concerto. Lischke scinde son travail en deux parties que sépare la Révolution de 1917; « l’apogée » d’abord, celle de la Russie prérévolutionnaire, couvre les trois quarts de l’ouvrage, ménageant une place au chant de la musique orthodoxe et à son évolution.
Plus succincte et forcément incomplète – Lischke se limite malheureusement à la génération de 1930 – la seconde partie, « De l’éclatement à la restructuration » – qui n’accorde que quelques pages à la phase de restructuration – traite néanmoins avec pertinence du problème de l’émigration avant et après 1917, qui fait perdre à la Russie soviétique ses plus grands noms (Gretchaninov, Rachmaninov, Glazounov, Medtner, parmi les plus conservateurs, Stravinski, Lourié, Obouhov, Wychnegradsky pour l’avant garde) et du déchirement, pour ceux qui restent, entre les aspirations personnelles et les contraintes du totalitarisme idéologique: « Combien de doubles fonds faut-il compter dans la musique soviétique », écrit Lichke, entre ceux qui s’affichent à la tête de l’Union des compositeurs (Tikhon Khrennikov), qui jouent le jeu en trichant (Chostakovitch), qui écrivent pour le tiroir ou deviennent des « émigrés de l’intérieur » (Nikolaï Roslavets, auquel s’intéresse plus particulièrement notre auteur, et Alexandre Mossolov). Le livre s’achève sur une interrogation quant à l’avenir offert à ses compositeurs par la Russie de l’après-perestroïka.
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André Lischke : La musique en Russie depuis 1850. Éditions Fayard / Mirare. ISBN : 9 782213666419. Paris, 2012, 219 p
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