Lutoslawski en classique

Pas de répit pour le brillant Edward Gardner. Il sur tous les fronts publiant presque simultanément un album Berio et il poursuit son intégrale des œuvres de Lutoslawski. Ce nouveau volume est consacré à des pièces de jeunesses (courtes Variations symphoniques ou orchestration des Variations sur un thème de Paganini) et de deux grosses pièces de la fin des années 1980, pierres angulaires de l'œuvre du compositeur : le Concerto pour piano et la Symphonie n°4.

Les petites pièces de jeunesses (moins de 10 minutes chacune) témoignent déjà du brio instrumental et technique d'un compositeur  en devenir. L'interprétation stylisée et élégante du chef et du pianiste louis Lortie (dans les variations Paganini) font mouche.

Chef d'oeuvre de son auteur,  commande du pianiste Krystian Zimmerman, est ici replacé dans sa filiation historique. Pianiste cultivé, Louis Lortie cherche plus à faire ressortir les multiples influences du passé et à composer une interprétation volontairement classique. On ne retrouvera pas le côté visionnaire et brut du dédicataire (avec le compositeur pour DGG), ni l'acuité lumineuse de Leif Ove Andness (EMI).

Dernière symphonie du compositeur, la Symphonie n°4, fut le fruit d'une commande du Los Angeles Philharmonic. Elle fut créée par le chef au pupitre de l'orchestre, en février 1993, un an avant son décès. Cet opus témoigne de sa maîtrise d'un outil orchestral puissant mais chatoyant. La forme et le fond s'unissent dans cette œuvre impressionnante. Le chef Edward Gardner garde son contrôle une masse instrumentale qui ne demande qu'à s'épancher. Sa lecture, construite avec une méticulosité,  fait briller les pupitres d'un BBC Symphony orchestra très à son aise dans cette musique. Les amateurs de cette pièce ne garderont tout de même une oreille attentive aux versions d'Esa-Pekka Salonen (Sony) et d'Antoni Wit (Naxos).