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Les adieux genevois de Bénédicte Tauran

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Genève. Théâtre Les Salons. 18-II-2012. Christoph Willibad Gluck (1714-1797) : extraits d’Iphigénie en Tauride. Hector Berlioz (1803-1869) : La Mort de Cléopâtre. Georges Bizet (1838-1875) : Les Adieux de l’hôtesse arabe ; La Coccinelle. Raymond Gallois-Montbrun (1918-1994) : Les Sept péchés capitaux. Francis Poulenc (1899-1963) : La Courte Paille ; extrait des Mamelles de Tirésias. Bénédicte Tauran, soprano. Todd Camburn, piano

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Après trois années passées au sein de la troupe de chanteurs en résidence, la soprano fait ses adieux au Grand Théâtre de Genève pour s'envoler de ses propres ailes dans la carrière de l'art lyrique. Sur la scène du Théâtre Les Salons, elle se présente dans le difficile et ingrat exercice du récital.

Un récital d'airs d'opéra et de mélodies françaises dont la première partie permet d'apprécier les nuances de la voix de la soprano. Une voix qui ne manque pas de clarté, ni de puissance, ni d'expressivité. Si ses aigus sont souvent bien lancés, lorsqu'ils sont à pleine puissance, l'articulation de la langue devient quelque peu confuse.

Après deux airs tirés d'Iphigénie en Tauride de Gluck chantés avec la retenue qu'on reconnaît à de telles œuvres, la soprano s'attaque à un monument du récital : La Mort de Cléopâtre de Berlioz. Mais chanter une cantate d'une vingtaine de minutes avec le seul accompagnement d'un piano (alors que l'œuvre est écrite pour voix et orchestre) est un exercice périlleux. Bien trop aventureux pour une si jeune soprano. Et n'échappe pas aux pièges de cette très longue cantate. Trop occupée au phrasé musical, elle peine à dire les mots de Pierre-Ange Vieillard. La crédibilité du personnage de Cléopâtre s'en ressent et, les derniers vers du poème ne sont pas empreints de l'agonie de la reine égyptienne mais bien plus de la fatigue de la soprano.

Si Les Adieux de l'hôtesse arabe de Bizet permettent de retrouver l'apaisement de la voix de la soprano. Son chant est moins  forcé, sans que pour autant elle ne soit complètement investie dans l'histoire que raconte cette mélodie, quand bien même les ultimes vocalises sur son sensible « Souviens-toi » restent très belles. Idéalement, l'air de La Coccinelle aurait mérité une osant projeter son talent de comédienne. La mutinerie de l'air en aurait gagné en subtilité.

Les sonnets de La Courte paille de Poulenc semblent plus à la portée de la soprano, non tant du point de vue vocal que de celui de la théâtralité du texte. Ici pourtant, peut-être qu'un peu moins de précipitation dans certains poèmes aurait bénéficié à une interprétation plus fouillée.

Mais c'est avec Les Sept péchés capitaux de Raymond Montbrun que le talent de la soprano trouve toute sa verve. Le texte plein d'humour de Pierre Dumayet inspire à la soprano un jeu théâtral superbe. Comme sortie d'un pensum, c'est une Bénédicte Tauran totalement libérée qui s'amuse sur ces mélodies charmantes qu'elle domine avec une verve débordante. L'impression d'assister à un autre récital. Ses mimiques, ses gestes mesurés, son sens comique, habitent ces textes avec un bonheur que le public goûte avec délices.

La verve comique, véritable nature de Bénédicte Tauran, se retrouve dans l'extrait des Mamelles de Tirésias de Poulenc où la jeune soprano explose dans une joyeuse démonstration de ses talents de comédienne. Qu'importe les aigus qu'elle n'assure plus aussi bien qu'en début de récital, elle est là, vivante, enjouée, rieuse et comédienne jusqu'au bout des ongles. Son talent véritablement est là. Immense. Rare.

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