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Paris. Salle Pleyel. 6 et 7–II–2012. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon et orchestre ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Symphonie en trois mouvements ; Maurice Ravel (1875-1937) : Daphnis et Chloé, suite n° 2 ; Magnus Lindberg (né en 1958) : Feria ; Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour piano et orchestre n° 2 Sz 95 BB 101; Serge Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 5 en si bémol majeur op. 100. Frank Peter Zimmermann, violon ; Lang Lang, piano. New York Philharmonic Orchestra, direction : Alan Gilbert
La prestigieuse phalange new-yorkaise nous conviait pour deux soirées exceptionnelles, visiblement attendues. Le programme, sans être d'une nouveauté renversante, présentait un panel intéressant d'esthétiques du XXème siècle – avec une petite incursion du côté de chez Beethoven.
D'entrée de jeu, le ton est donné avec le Concerto du maître de Bonn : un soliste d'exception, Frank Peter Zimmermann, qui se joue des difficultés et livre une interprétation très inspirée, accompagné par un orchestre très précis, attentif lorsqu'il accompagne, et massif pendant les tutti. Rien à redire donc, on est ravi, si ce n'est que vu le vaste répertoire du violoniste, on aurait bien voulu entendre ou découvrir un concerto un peu moins balisé.
La Symphonie en trois mouvements n'est la pas meilleure œuvre de Stravinsky. Les trois mouvements passent dans une certaine grisaille, malgré l'engagement de l'orchestre. Ravel arrive, pas très convaincant. Le « Lever du jour », techniquement parfait, manque de lyrisme et d'ampleur ; la « Pantomime » central rattrape néanmoins cette première impression tant l'admirable solo de flûte est interprété avec grâce par Robert Langevin. Arrive la « Danse Générale », qui ne manque jamais de nous emporter, mais qui n'est ici qu'un exercice de virtuosité, avec tempi et intensités outrées. Notre foi vacille.
Le lendemain, on commence avec Feria de Lindberg, une œuvre assez longue, d'un seul tenant, très démonstrative et éprouvante pour l'orchestre, et qui n'a d'autre ambition que la virtuosité. Arrive le Concerto de Bartók, qui est l'occasion pour Lang Lang de montrer ses talents de déchiffrage. Le jeu du pianiste est précis, les traits coulent sans incident, tout irait pour le mieux si Lang Lang ne se complaisait pas dans sa posture d'artiste titillé par la muse, profondément irritante, avec ses grands gestes inutiles, ses mines tantôt sombres tantôt illuminées par un feu intérieur … et son incapacité à jouer une phrase sobrement : Bartók a noté des accents, il faut qu'on les entende ! L'orchestre est quant à lui irréprochable ; on a tout au plus noté une incapacité chronique du timbalier à jouer de concert avec le piano (à moins que ce ne soit le contraire) dans le troisième mouvement, ce qui a donné lieu à un petit moment de flottement entre les deux. Pour remercier l'accueil chaleureux du public parisien, Lang Lang nous gratifiait d'une bluette de Liszt, son « piano hero » (sic). Et l'on se dit que même les plus grands devraient quelques fois se retenir d'écrire certaines pages.
Pour conclure ces deux concerts, Alan Gilbert avait choisi la lyrique et très massive Symphonie n°5 de Prokofiev : une œuvre de guerre, pas avare de grands effets avec cymbales et tam-tam, mais riche du meilleur style de son auteur. L'orchestre est parfait, comme de juste, mais cette œuvre nous permet de dégager certains traits de la direction de Gilbert : on notera ainsi sa prédilection pour une découpe cinématographique du discours. La forme ne devient pas, elle progresse par séquences successives, ce qui lui donne une grande intelligibilité, mais brise les élans musicaux. Pour preuve, le formidable crescendo qui conclue le dernier mouvement, commencé trop lentement, trop brutalement accéléré, et qui se brise en un tutti assourdissant.
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Paris. Salle Pleyel. 6 et 7–II–2012. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon et orchestre ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Symphonie en trois mouvements ; Maurice Ravel (1875-1937) : Daphnis et Chloé, suite n° 2 ; Magnus Lindberg (né en 1958) : Feria ; Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour piano et orchestre n° 2 Sz 95 BB 101; Serge Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 5 en si bémol majeur op. 100. Frank Peter Zimmermann, violon ; Lang Lang, piano. New York Philharmonic Orchestra, direction : Alan Gilbert