Plus de détails
[Dijon] Auditorium, 31-I-2012. Les Corbeaux, performance de Josef Nadj & Akosh Szelevényi. Composition musicale, bande enregistrée : Akosh Szelevényi. Chorégraphie et interprétation : Josef Nadj. Conception des lumières : Rémi Nicolas. Décors et accessoires : Clément Dirat, Julien Fleureau et Alexandre De Monte. Production du Centre chorégraphique national d’Orléans, spectacle accueilli en coréalisation avec Art Danse CDC Dijon Bourgogne
Noir « comme un corbeau », noir comme de l'encre, nuit noire, humour noir, ne sont pas des expressions que peut renier Josef Nadj pour son one man show.
Et qui dit sombre, appelle immédiatement son contraire : blanc, le blanc de la toile blanche, le blanc de la page que l'on peut rayer rageusement d'encre ou de peinture noire…
Au début est le noir qui oppresse la salle plongée dans l'attente du spectacle, puis un écran blanc s'allume, et derrière lui un humain à tête de requin marteau, y inscrit des signes, des dessins, tandis que rugit le saxophone enregistré d'Akosh Szelevényi ; le mystère est là, et aussi la poésie : on sent comme une fatalité dans ce geste artistique, comme un hasard que dépeignent bien les interventions rauques de la bande sonore.
La deuxième séquence se déroule dans une atmosphère encore plus sombre, dans laquelle Josef Nadj évolue avec une sorte de lenteur qui semble lui être naturelle. Des cloches tintent avec parcimonie tandis que l'allusion à l'oiseau du titre se précise avec humour, et on pressent aussi l'acte pictural. Les attitudes sont parfois crispées, les serres du corbeau apparaissent, l'éclairage faible mais subtil souligne d'un trait de lumière juste ce qui est nécessaire, comme le trait du pinceau d'un maître chinois le ferait mais en « négatif ».
La troisième séquence découle naturellement de la précédente : une violente lumière éclaire une toile immaculée. Après s'être servi de ses mains, il ne restera plus à l'artiste que devenir lui-même pinceau, et se remplir d'encre : il n'y a plus besoin de médium, le peintre « est » sa peinture !
On entre dans le monde de Josef Nadj avec bonheur car on y trouve une sorte de paix, le plaisir de l'essentiel et une grande satisfaction esthétique. Le titre « les Corbeaux » rattache cette performance aux légendes de la Voïvodine natale de ce danseur inventif et donne à celle-ci une authenticité teintée d'humour : la silhouette longiligne de Josef Nadj entre avec une facilité apparente dans les attitudes de Maître Corbeau. La sagesse légendaire du corbeau finit ainsi par imprégner l'atmosphère entière de la soirée.
Crédit photographique : © Tadeusz Paczula
Plus de détails
[Dijon] Auditorium, 31-I-2012. Les Corbeaux, performance de Josef Nadj & Akosh Szelevényi. Composition musicale, bande enregistrée : Akosh Szelevényi. Chorégraphie et interprétation : Josef Nadj. Conception des lumières : Rémi Nicolas. Décors et accessoires : Clément Dirat, Julien Fleureau et Alexandre De Monte. Production du Centre chorégraphique national d’Orléans, spectacle accueilli en coréalisation avec Art Danse CDC Dijon Bourgogne
1 commentaire sur “Sur la trace de Josef Nadj”