A Fagotto solo, hommage au basson du 18e siècle

C'est à Jérémie Papasergio, qui s'y connaît, que l'on doit cet enregistrement de haute volée de musique de chambre ménageant au basson une place d'honneur selon les vœux (presque) explicites de maîtres du 18e siècle que furent Georg Philipp Telemann, Jan Dismas Zelenka et Christoph Schaffrath.

Papasergio joue du basson bien sûr et dirige sa formation Syntagma Amici comptant au total six instruments anciens aux timbres chaleureux et chatoyants. La sonorité du basson génère l'intérêt par la beauté de son timbre, chaud, sucré, raffiné et par ses exploits expressifs, il est agile, contrasté et souvent bonhomme. La Sonate en fa mineur pour basson et basse continue (violoncelle et clavecin) de Telemann décline toute son inventivité et sa verve dans ses quatre mouvements : Triste, Allegro, Andante et Vivace, modérément contrastés mais particulièrement bien rendus par ces musiciens généreux et entièrement soumis au style de cette époque révolue mais toujours marquante pour l'auditeur d'aujourd'hui. La richesse des cellules mélodiques, la variété des rythmes, la beauté sonore se retrouvent au plus haut niveau dans le Quatuor en ré mineur pour basson, deux flûtes à bec et la même basse continue. Ici le basson remplace une flûte à bec et les flûtes à bec prennent la place de deux flûtes traversières pour la plus grande élégance et le plus grand brillant imaginable de cette partition tirée de la célèbre Musique de Table. Les autres musiques gravées bénéficient du même engagement et de la même probité pour un résultat sonore et interprétatif plaçant ce disque amplement au-dessus de ses concurrents immédiats. Le rôle vedette du basson ne fait aucun doute, omniprésent, voluptueux et séduisant, bien décidé à s'imposer également dans les trois Trios, très réussis, de Telemann dont on peut avancer qu'il surpasse ses deux contemporains retenus dans cette splendide réalisation, loin toutefois d'être dépourvus d'atouts et de caractères.