Présences Oscar Strasnoy II, du solo au grand orchestre par Dima Slobodeniouk
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Paris, théâtre du Châtelet. Dans le cadre du Festival Présences. 14-I-2012.
17h – Oscar Strasnoy (né en 1970) : Ecos, 14 pièces solistes. Solistes de l’ensemble 2e2m.
18h – Luciano Berio (1925-2003) : Folksongs. Oscar Stranoy (né en 1970) : Hochzeitvorbereitungen (mit B und K). Elsa Maurus, mezzo-soprano ; Chantal Santon, soprano ; Daniel Gloger, contre-ténor. Ensemble 2e2m, direction : Pierre Roullier
20h – Oscar Strasnoy (né en 1970) : Incipit [Sum n°1] (création mondiale, commande de Radio France) ; Scherzo [Sum n°3] ; Trois caprices de Paganini, pour violon et orchestre (création mondiale, commande de Radio-France). Igor Stravinsky (1882-1971) : Le Chant du rossignol. Latica Honda-Rosenberg, violon. Orchestre philharmonique de Radio France, direction : Dima Slobodeniouk
Le triple concert de ce samedi présentait l'œuvre de Strasnoy de l'individu au grand orchestre.
Ecos, suite de quatorze pièces solistes, lointain reflet des quatorze Sequenze de Luciano Berio – dont elle adopte la même alternance instrumentale, de la flûte au violoncelle – est à l'origine une commande du Festival des Arcs, où Strasnoy fut invité pour l'édition 2009. Paraphrase de Cendrillon, dont des bribes de textes sont insérés au milieu du jeu instrumental, ces quatorze miniatures mises bout à bout prennent forme, font un tout homogène et gagnent le statut d'œuvre, loin de la figure tutélaire – et quelque peu encombrante – de Berio. L'engagement des solistes de 2e2m, qui pour la plupart en sont les créateurs de 2009, n'est pas pour rien dans cette réussite.
Toujours Berio dans le concert suivant, avec les célébrissimes Folksongs. Néanmoins comment ne pas être déçu… Une introduction à l'alto assez rêche et peu assurée, un certain manque d'engagement des instrumentistes et une Elsa Maurus trop hésitante (exagération de l'aspect populaire ? lecture plus « savante » ?) malgré un indéniable sens musical font que le rendez-vous avec ce chef d'œuvre du XXe siècle est manqué. Ces réserves s'estompent avec Hochzeitvorbereitungent (mit B und K). Les musiciens connaissent la partition pour l'avoir créée et enregistrée. Daniel Gloger, compagnon de création de Strasnoy de longue date, et Chantal Santon assurent crânement leurs parties. Les musiciens de 2e2m, tenus par Pierre Roullier, sont bien plus à l'aise, passant allègrement de Bach à Strasnoy. Et Hochzeitvorbereitungent (mit B und K) est assuréùent la partition la plus aboutie de son auteur.
Place pour le concert du soir au grand orchestre. Incipit ouvre la suite Sum, quatre pièces pour orchestre qui reprennent les archétypes e la symphonie. Point d'apologie de la forme sonate pour Incipit, mais à l'instar de The End, Strasnoy part d'une très courte citation qu'il développe, paraphrase, répète et transforme. Et pour cette pièce, juste l'accord initial d'une œuvre, son attaque, rien de plus. Non dénué d'humour, Incipit jour sur la raréfaction du son, le silence qui précède l'œuvre, tant et si bien que l'auditeur ne sait jamais quand ce morceau se finit. Scherzo (Sum n°3) est de facture plus classique, proposant collages, juxtaposition et détournement dans une orchestration virtuose et débridée. Proposés en création mondiale, les Trois caprices de Paganini peuvent décevoir. Œuvre sans réelle ambition autre que de rendre hommage par la dérision au violoniste-compositeur, elle consiste en une juxtaposition de trois des 24 Caprices op.1 (n°1, n°6 et n°24) joués tel quel – superbement par Latica Honda-Rosenberg – avec un accompagnement orchestral qui paraphrase, cite et détourne l'original. Si comme à l'accoutumée ni l'humour ni la virtuosité ne sont absents, l'œuvre peut paraître bien légère par rapport à d'autres productions du compositeur. Mais peut-être n'a-t-elle pas d'autres ambitions que la légèreté.
Le concert se terminait par Le Chant du rossignol de Stravinsky, compositeur que Strasnoy place dans son « Panthéon » personnel. Si l'œuvre n'est plus une découverte, le chef qui a servi l'ensemble de la soirée est, au-delà des créations proposées, la révélation de ce festival. Dima Slobodeniouk – retenez bien ce nom – maintient fermement un Orchestre philharmonique de Radio-France en très grande forme. Si les trois pièces de Strasnoy pouvaient prouver une certaine maîtrise de la direction d'orchestre, ce Chant du rossignol, avec ses plans sonores bien délimités, sa mise en place impeccable et sa polyphonie lisible ont été le révélateur d'un futur grand nom de la baguette.
Crédit photographique : Dima Slobodeniouk © Marco Borggreve
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Paris, théâtre du Châtelet. Dans le cadre du Festival Présences. 14-I-2012.
17h – Oscar Strasnoy (né en 1970) : Ecos, 14 pièces solistes. Solistes de l’ensemble 2e2m.
18h – Luciano Berio (1925-2003) : Folksongs. Oscar Stranoy (né en 1970) : Hochzeitvorbereitungen (mit B und K). Elsa Maurus, mezzo-soprano ; Chantal Santon, soprano ; Daniel Gloger, contre-ténor. Ensemble 2e2m, direction : Pierre Roullier
20h – Oscar Strasnoy (né en 1970) : Incipit [Sum n°1] (création mondiale, commande de Radio France) ; Scherzo [Sum n°3] ; Trois caprices de Paganini, pour violon et orchestre (création mondiale, commande de Radio-France). Igor Stravinsky (1882-1971) : Le Chant du rossignol. Latica Honda-Rosenberg, violon. Orchestre philharmonique de Radio France, direction : Dima Slobodeniouk