La Nouvelle Babylone de Chostakovitch, comme à Leningrad
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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) ; La Nouvelle Babylone op. 18. Premier enregistrement du final. Basel Sinfonietta, direction Mark Fitz-Gerald. 2 CDs Naxos collection « Film Music Classics ». Référence 8.572824-25. Code barre : 7 47313 28247 0. Enregistré à la Volkshaus de Basel (Suisse) en mai 2011. Notice de 20 pages, instructive et illustrée, en anglais seulement. Durée : 91’23’’
NaxosDimitri Chostakovitch a 22 ans, le succès international de sa Symphonie n°1 l'a libéré de son travail alimentaire de pianiste de cinéma, le film est encore muet.
Mais voilà déjà qu'il y revient, par la grande porte, à l'occasion d'une première commande pour un film historique sur la Commune de Paris, qui est réalisé par deux cinéastes d'avant-garde, Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg. Avec leur accord, il prend le parti que la musique ne soit pas la simple illustration des images, mais qu'elle soit le contrepoint, parfois même le contrepied. Il n'a qu'un mois pour composer une partition de 90 minutes pour 14 à 20 musiciens. Fort de son expérience du Nez d'après la nouvelle de Gogol, l'auteur favori de Kozintsev et Trauberg, il écrit une musique virtuose, sarcastique, canaille avec ses emprunts à Offenbach (French cancan oblige !) et à la Marseillaise, qui incarne la transposition au cinéma de l'effervescence artistique de cette période révolutionnaire.
Moins de deux semaines avant la première, les réalisateurs bouleversent le montage, et Chostakovitch n'a que six jours pour réécrire la partition symphonique, et trois pour préparer les parties des musiciens. L'exigence virtuose, le parti-pris original qui va à l'encontre des pots-pourris de Tchaïkovski, Grieg et Wagner utilisés ordinairement, le manque de préparation, tout concourt au fiasco : « le chef est saoul ! » s'exclame-t-on le soir de la première le 18 mars 1929. Deux mois auparavant, un décret officiel avait imposé la « prolétarisation » de l'art afin qu'il soit accessible aux masses, la fin de l'âge d'or des années 20 est amorcée. La partition fut retirée, retrouvée à la Bibliothèque de Leningrad en 1975 peu après la mort de Chostakovitch, éditée intégralement en 2004 par les éditions DSCH, et enregistrée ici dans une version préparée par Mark Fitz-Gerald et qu'il a souhaité la plus proche possible des intentions du compositeur. En effet, la partition publiée restituait tout ce qui avait été écrit par Chostakovitch, mais la précipitation dans laquelle la musique avait été achevée dans les jours précédant la sortie du film avait entraîné un nombre important d'erreurs et d'incohérences avec le film.
La différence la plus remarquable par rapport aux versions de James Judd (Capriccio, 1990) et Frank Strobel (Haenssler Classics, 2006) est le recours à la formation originelle de quatorze musiciens, qui correspond à la taille des fosses d'orchestre des cinémas de Leningrad. Cette formation restreinte sous la baguette vive et précise d'un Mark Fitz-Gerald rompu à l'exercice de musiques de film en concert, redonne à cette partition importante de l'Histoire du cinéma, son sel et ses couleurs d'origine.
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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) ; La Nouvelle Babylone op. 18. Premier enregistrement du final. Basel Sinfonietta, direction Mark Fitz-Gerald. 2 CDs Naxos collection « Film Music Classics ». Référence 8.572824-25. Code barre : 7 47313 28247 0. Enregistré à la Volkshaus de Basel (Suisse) en mai 2011. Notice de 20 pages, instructive et illustrée, en anglais seulement. Durée : 91’23’’
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