Enfin un disque solo de Jonas Vitaud !

Jonas Vitaud fait partie de la génération des Guillaume Coppola, Geoffroy Couteau, David Fray et Bertrand Chamayou (avec qui il joue d'ailleurs en duo) et même s'il n'a pas encore la notoriété de ses confrères, il signe avec cet album, une fort belle carte de visite. Elève au CNSMD de Paris de Brigitte Engerer (classe de piano) et Christian Ivaldi (musique de chambre), passionné de musique contemporaine (il a travaillé avec Henri Dutilleux, Thierry Escaich, György Kurtag notamment), il est artiste résident à la Fondation Singer Polignac, donc habitué du Festival de Pâques et de l'Août musical de Deauville (entre autres).

Pour son premier disque en solo, un programme enregistré début 2009 mais qui ne paraît qu'à la fin de l'année 2011 chez un petit label indépendant anglais, le pianiste a choisi de réunir les trois derniers recueils d'Intermezzi et Klavierstücke de Johannes Brahms (1892/1983), précédés des deux Rhapsodies de l'opus 79 (1879). Le disque se clôt par un Intermezzo tiré des Fantaisies de l'opus 116, le reste des pièces de ce recueil manquant sans doute pour une question de minutage. Dans cette musique contrastée, mélancolique, parfois même tourmentée, d'un Brahms tardif (opus 116 à 119), l'interprète fait preuve d'une grande maturité, d'une solide technique, d'un sens du toucher remarquable, même si l'on peut regretter des tempos parfois trop retenus, notamment dans les pièces dépouillées (l'Intermezzo n°1 de l'opus 119 par exemple). Ces quelques réserves mises à part, ces pages pourtant rebattues trouvent indéniablement en la personne de Jonas Vitaud un interprète inspiré. Ce récital Brahms nous change par ailleurs très agréablement de la déferlante Liszt (après l'overdose Chopin subie en 2009 et 2010), anniversaires oblige.