Le vérisme instruit en 175 pages

Le destin en aura décidé ainsi : l'histoire du vérisme sera celle d'une petite poignée de compositeurs et pas plus de chefs-d'œuvre !

Le livre concis, très didactique et remarquablement synthétique de Gérard Denizeau nous offre toutes les clés suffisantes et nécessaires pour positionner l'histoire et ses acteurs et ainsi inciter le lecteur à (re)visiter les opéras véristes. Entre 1857 et 1867 naissent Ruggero Leoncavallo, Francesco Cilea,  Pietro Mascagni et Umberto Giordano. Comme l'indique l'auteur en termes généraux habilement sélectionnés et resitués à grands traits dans l'évolution musicale du temps, la notoriété du courant vériste repose essentiellement sur quatre opéras représentatifs. Dans le même ordre : I Pagliaci (1892), Cavalleria rusticana (1890), Adriana Lecouvreur (1902) et Andrea Chenier (1896). L'aventure s'éteint pratiquement avec la disparition de ces quatre maîtres survenue entre 1945 et 1954. Chaque œuvre majeure bénéficie d'une présentation aussi adroite que circonscrite. Denizeau échafaude les grandes qualités du vérisme, discute de la position de Puccini, parfois proche du mouvement, souvent situé à sa périphérie et pour l'essentiel ne répondant pas à l'ensemble des critères véristes.

On laisse au futur lecteur le soin de les découvrir. Tout cela se lit comme un roman, venant rafraîchir des notions parfois floues, ou encore proposer une information première enthousiasmante et propre à générer la démarche d'écoute de ces opéras aisément accessibles en CD et DVD. Un tableau synoptique clair, un catalogue sélectif des œuvres, une bibliographie bien choisie et une orientation discographique précise complètent plus qu'utilement cette histoire passionnante du vérisme italien. Gérard Denizeau nous séduit, comme à son habitude, en agissant comme un passeur éclairé, un facilitateur d'accès et un filtre stimulant… buts et ambitions clairement affichés et atteints par l'excellente collection Horizons.