Dans le style foutraque qui caractérise son travail, Robyn Orlin remonte le temps sur les traces de Sara Baartman, la Vénus noire.
Jeune sud-africaine « importée » du Cap par un agent, elle fut exhibée sur les scènes anglaises et françaises, puis sombra dans l'alcoolisme et la prostitution avant que sa dépouille ne rejoigne les cimaises du Musée de l'Homme. Racontée dans le film d'Abdellatif Kéchiche sorti en 2010, l'histoire de cette Vénus hottentote est aussi évoquée dans l'exposition Exhibitions qui se tient actuellement au Musée des Arts Premiers, quai Branly. Dans ce nouveau spectacle de la chorégraphe sud-africaine, elle n'est cependant traitée qu'allusivement, et sert de prétexte à l'examen de la condition de la femme noire dans notre société.
Entre vidéos, exhortations au public, costumes excentriques et chants en zulu, en anglais ou en italien, Robyn Orlin et ses interprètes interrogent la négritude et le voyeurisme occidental, mais aussi l'identité noire – à travers une forme théâtrale proche du cabaret. Pour ce faire, elle a choisi cinq étonnantes performeuses, des personnalités généreuses et exubérantes qui donnent des couleurs de « show » au spectacle. Sympathique, mais désordonnée, cette pièce offre quelques beaux moments chantés et dansés, ainsi que des jolies trouvailles scénographiques, comme cet hommage en ombres chinoises au travail du plasticien William Kentridge, compatriote de Robyn Orlin.
Crédit photographique : © Philippe Lainé