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Opéra de Montréal. Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. 12-XI-11. Antonín Dvořák (1841-1904) Rusalka, conte lyrique en 3 actes sur un livret de Jaroslav Kvapil (d’après Undine de Friedrich de la Motte-Fouqué et La petite sirène d’Andersen). Mise en scène : Eric Simonson, remonté par Bill Murray. Décors : Erhard Rom. Costumes : Karin Kopischke. Éclairages: Anne-Catherine Simard-Deraspe. Chorégraphies : Aimée Simard, Noëlle-Émilie Desbiens (d’après la chorégraphie originelle de Mathew Jancewski. Vidéos : Wendall K. Harrington. Vidéo Consultation et opération : Cinéphile Productions. Avec : Kelly Kaduce, Rusalka ; Khachatur Badalyan, Le Prince ; Robert Pomakov, Vodnik ; Liliana Nikiteanu, Jezibaba ; Ewa Biegas, La Princesse étrangère ; Pierre Rancourt, Le Chasseur ; Chantal Nurse, Première Nymphe ; Aidan Ferguson, Deuxième Nymphe ; Emma Parkinson, Troisième Nymphe. Chœur de l’Opéra de Montréal. Chef de chœur : Claude Webster. Pianiste-répétitrice : Esther Gonthier. Pianiste-répétitrice et réchauffement du chœur : Tina Chang. Coproduction : The Minnesota Opera & The Boston Lyric Opera. Orchestre Métropolitain. Direction : John Keenan
L'Opéra de Montréal sort une fois de plus des sentiers battus avec Rusalka, le chef-d'œuvre opératique d'Antonín Dvořák.
On se souviendra qu'à la saison 2009-2010, Cendrillon de Massenet, cet autre conte de fées, avait charmé le public montréalais. Mais ici, pas de transposition malencontreuse d'époque terre-à-terre, de détournement d'identité usurpée avec relecture au second degré, qui auraient pu détruire la magie du conte originel. La mise en scène d'Eric Simonson, nous plonge d'emblée dans des univers parallèles d'une acuité étourdissante. La direction d'acteurs de Bill Murray est vive et d'une grande efficacité scénique. Les vidéos projetées de Wendall K. Harrington rendent la scène toujours vivante et en mouvement, – effets stroboscopiques d'oscillations de l'onde, apparitions furtives de paysages lacustres et terrestres, rehaussées par des jeux de lumière toujours en situation – et toutes les prouesses technologiques contribuent à donner une dimension onirique aux personnages. Et si parfois on peut se sentir noyé dans de telles profondeurs pélagiques, cela sied parfaitement à l'œuvre, dans une vision imaginée et voulue par les concepteurs. L'astre lunaire, immense, qui apparaît durant le fameux air, devient la grande sœur tutélaire, confidente céleste autant qu'invocation à la déesse Séléné. Il est inutile de se plaindre de la surabondance de richesse ainsi déployée.
Les chorégraphies élaborées par Aimée Simard et de Noëlle-Émilie Desbiens contribuent à densifier l'univers de magie qui règne dans cette œuvre. Enfin, les costumes conviennent aux personnages et sont en général originaux, sauf peut-être celui de la sorcière Jezibaba, – on pense inévitablement à l'une des sorcières dans Macbeth – hobereaux un peu trop convenus et ceux du Prince, en chasseur-safari au premier acte ou en smoking aux deuxième et troisième actes.
Au Royaume aquatique de Vodnik, il y a aussi abondance de richesse du côté des voix. Une distribution de haut calibre : en premier lieu, Kelly Kaduce. La soprano américaine incarne une Rusalka envoûtante. Une tessiture égale sur tout l'ambitus, des aigus percutants mais aussi une fragilité qui souffle le chaud et le froid. C'est le parcours de la petite sirène accrochée à son rocher, qui sort enfin de sa coquille, à la rencontre d'un cœur humain trop humain. La prière à la lune, l'air le plus célèbre de l'opéra, devient page d'anthologie.
Le ténor Khachatur Badalyan dans le rôle du Prince partage avec sa partenaire l'excellence de son jeu scénique et la voix chatoyante convient à l'amant conquérant. Le rôle de la sorcière Jezibaba est assuré par Liliana Nikiteanu, superbement en voix. La basse Robert Pomakov en Vodnik, est idéal dans ce rôle avec ses graves percutants. Enfin, la soprano Ewa Biegas en Princesse étrangère montre ses talents autant de comédienne que de chanteuse par un tempérament de feu.
Tous les seconds rôles sont bien tenus. Soulignons la maîtrise des trois Nymphes, Chantale Nurse, Aidan Ferguson et Emma Parkingson et le Chasseur de Pierre Rancourt.
Les chœurs de l'Opéra de Montréal, sous la direction de Claude Webster font des merveilles. John Keenan, attentif aux chanteurs, communique sa passion pour cette partition sublime à l'Orchestre Métropolitain. Une réussite sans faille. À voir et à revoir absolument.
Crédits photographiques : Kelly Kaduce © Yves Renaud
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Opéra de Montréal. Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. 12-XI-11. Antonín Dvořák (1841-1904) Rusalka, conte lyrique en 3 actes sur un livret de Jaroslav Kvapil (d’après Undine de Friedrich de la Motte-Fouqué et La petite sirène d’Andersen). Mise en scène : Eric Simonson, remonté par Bill Murray. Décors : Erhard Rom. Costumes : Karin Kopischke. Éclairages: Anne-Catherine Simard-Deraspe. Chorégraphies : Aimée Simard, Noëlle-Émilie Desbiens (d’après la chorégraphie originelle de Mathew Jancewski. Vidéos : Wendall K. Harrington. Vidéo Consultation et opération : Cinéphile Productions. Avec : Kelly Kaduce, Rusalka ; Khachatur Badalyan, Le Prince ; Robert Pomakov, Vodnik ; Liliana Nikiteanu, Jezibaba ; Ewa Biegas, La Princesse étrangère ; Pierre Rancourt, Le Chasseur ; Chantal Nurse, Première Nymphe ; Aidan Ferguson, Deuxième Nymphe ; Emma Parkinson, Troisième Nymphe. Chœur de l’Opéra de Montréal. Chef de chœur : Claude Webster. Pianiste-répétitrice : Esther Gonthier. Pianiste-répétitrice et réchauffement du chœur : Tina Chang. Coproduction : The Minnesota Opera & The Boston Lyric Opera. Orchestre Métropolitain. Direction : John Keenan