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Paul Lewis, piano. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°8 Pathétique en ut mineur op. 13 ; Sonate n°25 « Alla tedesca » en Sol majeur op. 79. Franz Schubert (1797-1828) : Sonate n°19 en ut mineur D958; Sonate n°20 en La majeur D959. Franz Liszt (1811-1886) : La lugubre gondole (version 2) ; Sonate en si mineur. 2 CD Harmonia Mundi HMX 2908456 57. Code barre 3 149020 845646. Livret en français et anglais. Durée totale 2h18’19.
Harmonia MundiAprès avoir brillamment enregistré les 33 variations sur une Valse de Diabelli, Paul Lewis nous revient avec un double album en forme de compilation historique dans le genre qu'il maîtrise le plus, la sonate.
Il rend hommage aux trois pianistes compositeurs (Beethoven, Schubert et Liszt) en élaborant une programmation basée sur la chronologie des œuvres avec des enregistrements réalisés entre 2001 (Schubert) et 2006 (Beethoven). Avec la grande sonate Pathétique de Beethoven, Paul Lewis insiste sur la coloration tragique imposée par l'introduction « Grave » tenant l'auditeur dans un état de tension permanente avant de le libérer, sans trop appuyer, dans un Andante cantabile à la nostalgie douce et sereine. Le Ronde Allegro qui suit rétablit la dramatique sans pression faisant continuité avec le deuxième mouvement et donne à l'ensemble le caractère de divertissement propre à cette sonate que le compositeur lui-même voulait donner. Une profonde démarcation avec la Sonate en ut mineur D958 de Schubert plus intime mais opposant à la rigueur et à la logique des compositions de Beethoven son côté intuitif et spontané. Il s'agit dorénavant pour Paul Lewis de mettre en valeur le profond mal de vivre du Schwammerl à la fois guidé par l'ambiance, la couleur et la mélodie baignée de rêve et de mélancolie. Ce qu'il parvient parfaitement à suggérer sans jamais se perdre dans les tentations d'une sensiblerie qu'il juge, comme à son habitude, inutile. Le deuxième mouvement en est la preuve sans équivoque avec des frissons qui parcourent tout le corps de l'auditeur, non par excès de pathos mais bien par cette évocation glacée de la Sehnsucht qui nous fait lentement sombrer dans ce sentiment d'expectative mélancolique entre rêve et prostration. Mêmes impressions avec la sonate en la majeur D959 où le deuxième mouvement Andantino – si périlleux pour l'artiste trop facilement tenté de lui enlever le poids de la nostalgie par un excès de larmes – est traité de façon sobre avec une intériorisation d'une très grande et belle sensibilité. Le double album se termine logiquement par la sonate en si mineur de Liszt plus exigeante par son lyrisme et son romantisme exacerbé. Paul Lewis impose un rubato fougueux presque martial qui déroute dans les passages les plus lyriques. On ne retiendra de cette interprétation que le fait qu'elle soit la vision de ce pianiste maintenant reconnu et qu'il faille l'accepter non comme un monument mais comme la marque Paul Lewis.
Ce double album apparaît comme une précieuse synthèse permettant d'apprécier toute l'étendue du talent du pianiste avant qu'il ne présente aux mélomanes sa version du Schwanengesang de Schubert accompagné du ténor Mark Padmore. Sorti en septembre, ce troisième volet du triptyque Schubertien fera l'objet d'une écoute attentive de notre part. Mais avant, ne boudons pas notre plaisir surtout si nous n'avons pu nous procurer ses précédentes réalisations, notamment l'intégrale des sonates de Beethoven. Nous tenons là l'occasion d'entendre toute la subtilité d'un jeu alliant diversité dans les couleurs et dans la dynamique.
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Paul Lewis, piano. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°8 Pathétique en ut mineur op. 13 ; Sonate n°25 « Alla tedesca » en Sol majeur op. 79. Franz Schubert (1797-1828) : Sonate n°19 en ut mineur D958; Sonate n°20 en La majeur D959. Franz Liszt (1811-1886) : La lugubre gondole (version 2) ; Sonate en si mineur. 2 CD Harmonia Mundi HMX 2908456 57. Code barre 3 149020 845646. Livret en français et anglais. Durée totale 2h18’19.
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