Philippe Boesmans, instrumental

En septembre 2010, dans le cadre de la création belge d'Yvonne Princesse de Bourgogne de Philippe Boesmans, le Théâtre royal de La Monnaie de Bruxelles avait organisée une soirée consacrée à des pièces instrumentales d'un compositeur, qui ne se consacre évidemment pas exclusivement à l'opéra.

On retrouve ainsi, près de 25 ans d'écriture pour les instruments : de Sur mi, donné en 1974, au festival de Royan à Chambres d'à côté, créé en 2010, lors de ce concert. Cette dernière partition, en six mouvements, est un opéra sans paroles, où les morceaux composent des saynètes  quotidiennes bigarrées. On se replonge dans la science instrumentales de Boesmans, qui avec une grande économie de moyens, parvient à ciseler ces tranches de vie poétiques et subtiles.

Composé en 2006, le Sextuor, explorait déjà une dramaturgie sans parole où la musique se fait suggestive et toujours narrative. Chaque instrument est un personnage solitaire mais dont l'âme dialogue avec ses congénères. Les teintes sont parfois sombres mais sont toujours gorgées d'humanité.

Ornamented Zone est une belle transition avant de passer à Sur mi. Cette partition de jeunesse montre déjà un compositeur qui tentait déjà de se détacher de l'esthétique collante de ce qui était « l'avant garde » d'alors. La richesse des timbres vient contrebalancer les réminiscences du sérialisme, seul alors admis dans ce temple de la modernité.

Tout au long de ce programme, l'ensemble belge Musiques nouvelles se meut avec la plus grande aisance dans cette versatilité stylistique qui ne cesse de nous charmer. On regrette juste un minutage un peu chiche, mais ce volume documente une facette moins connue et hautement captivante de l'un des maîtres actuels de la composition.