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Olga Neuwirth au Palais Garnier

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Paris, Palais Garnier. Dans le cadre du Festival d’Automne. 24-X-2011. Olga Neuwirth (née en 1968) : Kloing! pour piano automatisé avec informatique et dispositif vidéo en direct ; Hommage à Klaus Nomi – A Songplay en Nine Fits, pour contre-ténor et ensemble avec dispositif vidéo en direct. Marino Formenti, piano ; Andrew Watts, contre-ténor ; Lillevan, création des images avec vidéo en direct ; Ensemble musikFabrik, direction : Gerry Cornelius

Des sonorités confuses et un rien dérangeantes, émises par un piano désaccordé qui cédait sa place à une batterie et une guitare électrique : voilà de quoi bousculer les habitudes d'écoute du Palais Garnier qu'avait investi la compositrice autrichienne dans le cadre du Festival d'Automne dont elle est cette année l'invitée. Les deux pièces au programme s'inscrivaient dans un spectacle original et décalé, comme elle aime en concevoir : en combinant la musique et la vidéo et en favorisant le mélange des genres et des sources, à la faveur de concepts aussi étranges qu'originaux, assumés avec une ingénierie hautement sophistiquée.

L'idée de Kloing! s'origine dans les sonorités du premier automate musical mécanique, le piano de reproduction Welte-Mignon (sur papier perforé), qui nous est présenté en vidéo avant l'arrivée sur scène du pianiste, devant le dernier modèle des pianos automatisés, le Bösendofer CEUS ; l'instrument est capable, via l'électronique, d'enregistrer le jeu d'un musicien et de le reproduire ensuite sans les doigts de l'interprète ; la tellurique Neuwirth, fasciné par le monde du mécanique, utilise quant à elle des données de capteurs provenant des profondeurs de la Grotta Gigante à Trieste durant un relevé d'activités sismiques ; ces informations ont été transformées en sons et transférées par le biais de l'ordinateur sur le clavier qui, rappelons-le, est horriblement désaccordé, pour venir ébranler toutes les touches et décourager les efforts du pianiste à la fin de la pièce. L'interprète – valeureux – lutte en effet en vain contre cette mécanique envahissante, esquissant le début du Concerto pour la main gauche de Ravel quand des trilles échevelés embrasent les aigus ou l'Etude Révolutionnaire de Chopin pour rivaliser de virtuosité avec les touches pré-programmées. La video mixée en direct – VJ Lillevan – ajoute à la confusion des sens et des gestes en projetant les images de grands interprètes en concert ainsi qu'un extrait bienvenu du cartoon de Tom & Jerry, dans lequel le cauchemar du pianiste débordé par son instrument vire ici à la farce délirante.

Après le silence consenti à la fin de la bataille, les musiciens de l', sous la direction de prenaient place côté jardin pour l'Hommage à Klaus Nomi – a Songplay in Nine Fits convoquant la fantaisie de Lewis Carroll (le Capitaine agitant sa cloche à volonté dans La chasse au snark) et la poésie visionnaire de Baudelaire (Le Voyage) évoquée avant le dernier Fit (crise). Pour rendre hommage à ce performer atypique abordant le grand répertoire lyrique en même temps que la chanson pop et de cabaret, Neuwirth confie au superbe contre-ténor sept chansons qu'interprétait Nomi ainsi que deux airs très connus de Henry Purcell, La Mort de Didon  de Didon et Énée et l'Air du froid dans King Arthur ; tout est transcrit et entièrement réorchestré par la compositrice apportant quelques saveurs personnelles – les textures de la guitare électrique en quarts de ton notamment – à des mélodies et des airs restitués fidèlement. Le spectacle est joliment monté, rythmé par la cloche du capitaine et rehaussée de vidéos inventives mais le cérémonial reste un peu sage et sans grande surprise pour célébrer celui qui nous invitait « à monter sur sa nef des fous pour découvrir le monde ».

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Paris, Palais Garnier. Dans le cadre du Festival d’Automne. 24-X-2011. Olga Neuwirth (née en 1968) : Kloing! pour piano automatisé avec informatique et dispositif vidéo en direct ; Hommage à Klaus Nomi – A Songplay en Nine Fits, pour contre-ténor et ensemble avec dispositif vidéo en direct. Marino Formenti, piano ; Andrew Watts, contre-ténor ; Lillevan, création des images avec vidéo en direct ; Ensemble musikFabrik, direction : Gerry Cornelius

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