La luxueuse exposition Paul Klee Polyphonies qui s'est ouverte le 18 octobre dernier à La Cité de la Musique est la première rétrospective que le Musée de la Musique consacre à un peintre ; elle nous dévoile l'univers du plasticien bernois Paul Klee (1879-1940) à la lumière des nombreuses thématiques que décline son œuvre multiple. « J'ai découvert la couleur, je suis donc peintre » déclare-t-il en 1914 au retour de son voyage de Tunisie alors qu'il louvoie depuis son adolescence entre la musique qu'il va pratiquer toute sa vie en tant que violoniste et l'art pictural. La peinture devient alors son sujet principal mais en s'inscrivant dans un univers « polyphonique » qui lie en contrepoint la musique, le théâtre, la poésie dans des combinaisons toujours plus imaginatives. « La synesthésie – cette aptitude singulière à faire correspondre couleurs et sons – est un progrès de la sensibilité humaine » lit-on dans une de ses lettres exposées.
La présentation chronologique du travail de l'artiste conçue par la commissaire et historienne de l'art Marcella Lista rassemble plus de 130 œuvres et s'articule en six périodes rythmées par les rencontres décisives de Paul Klee, avec la peinture de Delaunay (1912) puis celle des artistes du Cavalier bleu (Der Blaue Reiter), et par son installation à Weimar (1921) où il enseigne au Bauhaus jusqu'en 1929 – croisant Stravinsky, Hindemith et Bartók – avant de rejoindre l'Académie de Düsseldorf.
L'évolution de la pensée picturale de Klee constamment orientée vers la convergence d'expressions artistiques plurielles (Poèmes en couleur, En rythme) s'accompagne d'un parcours sonore visant à éclairer le contexte musical dans lequel s'inscrit sa peinture.
A l'étage inférieur, « L'atelier Klee en mains » est un espace de220 m²merveilleusement créatif où les enfants pourront approcher l'univers du peintre en jouant à la marelle, avec des puzzles, des marionnettes… ou en mettant à l'œuvre leur imagination colorée sur une toile virtuelle.