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Tours. Grand Théâtre. 14-X-2011. Jules Massenet (1842-1912) : Thaïs, opéra en 3 actes sur un livret de Louis Gallet. Mise en scène : Nadine Duffaut. Décors : Emmanuelle Favre. Costumes : Danièle Barraud. Lumières : Philippe Grosperrin. Avec : Sophie Marin-Degor, Thaïs ; Didier Henry, Athanaël ; Christophe Berry, Nicias ; Jérôme Varnier, Palémon ; Catherine Dune, Crobyle ; Pauline Sabatier, Myrtale ; Mélanie Boisvert, la Charmeuse ; Karine Motyka, Albine. Chœurs de l’Opéra de Tours (direction : Emmanuel Trenque), Orchestre Symphonique Région Centre-Tours, direction : Jean-Yves Ossonce
Cette nouvelle production de Thaïs, donnée en ouverture de la saison tourangelle, met en évidence la profonde panne d'inspiration de Nadine Duffaut. Que retenir de cette mise en scène, sinon une transposition temporelle dont le sens nous échappe, Alexandrie faisant place au New York branché des années psychédéliques ?
La régie oscille entre convenu et déplacé, et la fête chez Nicias tourne à la confusion, peu favorisée il est vrai par une chorégraphie pataude qui ferait presque regretter le maintien du ballet. Le comble est atteint lors du tableau final avec son décor de décharge à ciel ouvert : nous comprenons la référence à Sœur Emmanuelle et aux chiffonniers du Caire, mais quel est le rapport avec Thaïs sinon la proximité géographique et l'appartenance religieuse ? Ici encore, la poésie s'efface et le contexte érotico-spirituel est gommé au profit d'une lecture plate et statique.
Dès lors, le théâtre s'installe dans la fosse où Jean-Yves Ossonce impose d'entrée une lecture très dramatique, mais aussi d'une sensualité confondante dans les scènes épicuriennes. La mise en place est irréprochable et les nombreux intermèdes orchestraux soulignent la richesse de couleurs d'un orchestre en grande forme, qui excelle dans ce répertoire. Nous soulignerons la prestation de Tiphaine Gaigne qui interprète avec délicatesse la célèbre méditation.
Sophie Marin-Degor, qui fait son entrée en starlette hollywoodienne, s'empare du rôle titre avec une grande séduction physique et sonore.
Sa Thaïs ne manque ni de sensualité, ni d'intensité. Sans le secours de la mise en scène mais par le seul pouvoir de sa voix et de son engagement scénique, elle parvient ainsi à nous bouleverser dans la scène finale. Après une première incursion dans l'aigu plutôt tendue, elle affronte bravement la tessiture du rôle, et sa diction, comme celle de tous ses partenaires, est digne d'éloges.
Didier Henry, en revanche, affiche un instrument fatigué et son chant, émis uniformément en force, contribue à un portrait trop exclusivement brutal de son personnage. Christophe Berry et Jérôme Varnier délivrent des prestations de bonne école, tandis que Catherine Dune et Pauline Sabatier jouent de leur plastique avantageuse autant que de l'harmonie de leurs timbres. Mention à Mélanie Boisvert qui sert la partie de la charmeuse avec aisance et naturel. Ce vendredi, notre plaisir était donc exclusivement musical.
Crédit photographique : Sophie Marin-Degor (Thaïs) © François Berthon
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Tours. Grand Théâtre. 14-X-2011. Jules Massenet (1842-1912) : Thaïs, opéra en 3 actes sur un livret de Louis Gallet. Mise en scène : Nadine Duffaut. Décors : Emmanuelle Favre. Costumes : Danièle Barraud. Lumières : Philippe Grosperrin. Avec : Sophie Marin-Degor, Thaïs ; Didier Henry, Athanaël ; Christophe Berry, Nicias ; Jérôme Varnier, Palémon ; Catherine Dune, Crobyle ; Pauline Sabatier, Myrtale ; Mélanie Boisvert, la Charmeuse ; Karine Motyka, Albine. Chœurs de l’Opéra de Tours (direction : Emmanuel Trenque), Orchestre Symphonique Région Centre-Tours, direction : Jean-Yves Ossonce