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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : L’art de la fugue. Léon Berben à l’orgue Wagner (1744) de l’église Sainte-Marie de Angermünde (Allemagne). 1 CD Ramée RAM 1106. Code barre 4250128511063. Enregistré en septembre 2010. Livret trilingue allemand/anglais/français. Durée totale 79’31’’.
RaméeChaque nouvelle version de cette œuvre apporte sa pierre, c'est évident, tant le texte est puissant. Gustav Leonhardt a depuis longtemps démontré de manière convaincante que cette œuvre était destinée au clavecin. Plus largement, on pourra l'associer tout simplement au clavier, qu'il soit de clavicorde, de clavecin, d'orgue ou de piano, car tant de belles versions ont montré cette attirance. Certains musicologues nous disent même que cette œuvre est faite pour être lue à la table : approche une peu réductrice quand on réalise que cette œuvre est l'une des plus mathématiques jamais écrite et pourtant si douée de musique : c'est là le miracle de Bach. On pourra même l'aimer à l'orchestre, comme nous l'offrit Hermann Scherchen.
Léon Berben est avant tout claveciniste, pourtant c'est vers l'orgue qu'il se tourne pour cette fête du contrepoint. Il choisit un orgue contemporain de Bach, voisin de l'esthétique de Silbermann, dont il a gardé le tempérament. Ce fameux tempérament qui fit tant couler d'encre à propos d'une querelle entre Silbermann et Bach, ce dernier reprochant de ne pouvoir moduler correctement au gré de son inspiration. Pourtant à l'écoute ici de ce texte savant et complexe, à aucun moment ce système d'accord, pour être assez inégal et dérivé directement de l'ancien système dit « mésotonique » vient troubler l'audition, ni chatouiller nos oreilles contemporaines, habitués à des accords plus lissés. Du coup, ce tempérament donne du relief à l'écriture, et ce dès la première fugue entonnée énergiquement sur un plein-jeu doté d'une tierce. L'approche de Léon Berben est accrochante, par un tempo enlevé mais jamais précipité : la polyphonie respire et reste à tout moment d'une lisibilité parfaite, que soutient une prise de son analytique du meilleur goût.
L'usage de l'orgue ne rend pas pour autant une partie de pédale obligée, qui viendrait par son 16 pieds permanent envahir et brouiller l'équilibre. Bach n'écrit pas ces fugues là comme celles de ses grands préludes et fugues pour orgue, c'est toute la différence : la répartition des voix est autre avec une basse et un ténor plus rapprochés. Léon Berben ne tombe pas dans le piège et sauvegarde ces fugues « manualiter », au clavier seulement, comme la logique musicale l'ordonne. Il réserve juste le pédalier pour la grande fugue inachevée à trois sujets qui clôt le cycle. Ici le début est déclamé tel un grand motet, c'est un grand moment du disque. D'autres fugues forcent notre admiration comme le fameux contrepoint XI, pris sur un tempo ardent, et qui nous énonce le contresujet reprenant déjà les lettres B.A.C.H., sur une mélodie qui n'est pas sans rappeler une chanson de la belle époque !
Plusieurs versions à l'orgue sont déjà des références : Helmut Walcha, Lionel Rogg, André Isoir, Kei Koïto, Bernard Foccroulle, Wolfgang Rübsam …
Il faudra désormais compter avec celle-ci qui rejoint sans peine le peloton de tête.
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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : L’art de la fugue. Léon Berben à l’orgue Wagner (1744) de l’église Sainte-Marie de Angermünde (Allemagne). 1 CD Ramée RAM 1106. Code barre 4250128511063. Enregistré en septembre 2010. Livret trilingue allemand/anglais/français. Durée totale 79’31’’.
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