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Paris, Boris et les machines

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Paris. 12/X/11. Théâtre de la Ville. Boris Charmatz/Musée de la danse : enfant. Chorégraphie
 : Boris Charmatz.
Lumières
 : Yves Godin. Son
 : Olivier Renouf.
Assistant
 : Julien Jeanne, Stéphane Imbert. Machines
 : Artefact / Alexandre Diaz, Frédéric Vannieuwenhuyse. Costumes
 : Laure Fonvieille. Avec 
Eleanor Bauer, Nuno Bizarro, Boris Charmatz, Olga Dukhovnaya, Julien Gallée-Ferré, Lénio Kaklea, Maud Le Pladec, Thierry Micouin, Mani A. Mungai. Enfants : Tikal Contant Ricard, Sasha Goasduff Langlois, Salomé Lebreton, Louane Mogis, Lou Andréa Paulet, Emma Perreau, Raphaëlle Piechaczyk, Perle Béchu-Quaiser, Rémi Cazoulat, Abel Charmatz, Marguerite Chassé, Noé Couderc, Cédric Lamotte-Lenoir, Youenn Louédec, Eliott Bourseau, Hypolite Tanguy, Mathieu Guidoni.

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aime les machines. Il l'a prouvé par ses collaborations avec Raimund Hogue dans Régi, en 2006 ou le plasticien Gilles Touyard pour Programme court avec essorage, en 1999.

Le dispositif scénique qui ouvre enfant met en œuvre le poids de corps inertes, par l'intermédiaire d'une grue télécommandée qui pose et repose son chargement. On repère aussi un tapis roulant ascendant, sous exploité dans le spectacle, ou un plateau vibrant sur lequel les corps sont ballotés, tressautant. Le chorégraphe réinvente avec ces outils de type industriel la notion de porté, de gravité, de mouvement même, puisqu'aucun corps manipulé par les machines n'exerce de mouvement volontaire.

C'est un peu la même chose qui se passe avec les corps d'enfants inertes, amorphes, comme endormis qui sont progressivement introduits sur scène par les danseurs et qui forment le projet principal de ce spectacle hors norme et bouleversant. Ces petits corps tenus, trainés ou portés, selon les cas, se laissent manipuler comme des poupées de chiffon ou des marionnettes. Dociles, ils passent de mains en mains, de bras en bras, faisant preuve d'une confiance et d'un abandon absolu. Leurs cheveux blonds, roux, bruns, leur peau blanche accrochent la lumière dans les éclairages subtils d'Yves Godin.

En contrepoint de ces corps juvéniles, innocents, l'agitation des adultes au-dessus d'eux paraît frénétique. Un sonneur de biniou fait office de joueur de flûte de Hamelin semant la révolte et la zizanie parmi les enfants, qui se frottent encore les yeux de sommeil. Lorsqu'ils prennent enfin possession du plateau, on pense à l'énergie brute, à la jeunesse intacte du film « La guerre est déclarée » de Valérie Donzelli, actuellement sur les écrans. S'esquisse alors une chorégraphie collective, forme de bacchanale, chaos où les corps des adultes et des enfants à l'unisson perdent tout contrôle d'eux-mêmes. Jusqu'à ce que les adultes s'effondrent et que les enfants, à leur tour, prennent le pouvoir, réservant avant le noir final une image troublante de ce que pourrait être un monde exclusivement composé d'enfants.

Crédits photographiques © Boris Brussey

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