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Joseph Jongen, l’alto dans tous ses états

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Joseph Jongen (1873-1953) : Allegro appassionato pour alto et piano op. 79 ; Introduction et Danse pour alto et piano op. 102 ; Concertino pour alto et piano op. 111 ; Suite pour alto et piano op. 48 ; Andante espressivo pour alto et piano ; Étude de concert n°2 pour piano solo op. 65 ; Soleil à midi pour piano solo op. 33/1. Nathan Braude, alto. Jean-Claude Vanden Eynden, piano. 1 CD Fuga Libera FUG586. Code barre : 5400439005860. Enregistré du 10 au 12 décembre 2010 en la Salle Ravenstein, Bruxelles. DDD. Notices bilingues (français, anglais) excellentes (Michel Stockhem). Durée : 62’56

 
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(1873-1953) a souvent été le sujet de diverses
chroniques
sur ce site, et de fait c'est toujours avec le plus grand plaisir que nous accueillons un disque consacré au grand compositeur liégeois, mais si de plus la réalisation se révèle de qualité exceptionnelle grâce aux interprètes, ce qui est bien le cas ici, alors notre bonheur est comble !

Musicien complet et remarquablement doué, était pianiste, organiste, chambriste, chef d'orchestre, compositeur, et il n'est guère étonnant de voir l'une de ses premières œuvres qui le firent sérieusement connaître du monde musical, concerner cette forme élevée qu'est le quatuor à cordes, avec son opus 3 de mai 1894 qui remporta la même année le Premier Prix de l'Académie Royale de Belgique et fut édité internationalement et sans délai par Eulenburg.

L'écriture pour cordes n'avait donc plus de secret pour le pianiste-organiste Jongen, et il semble bien que la toute première œuvre pour alto et piano qu'il ait composée soit cet Andante espressivo de juillet 1900, sans numéro d'opus et resté à l'état de manuscrit, et que nous trouvons ici en fin de disque, sous forme de court bis de 4 minutes. La partition est dédiée au magnifique altiste et pédagogue liégeois Oscar Englebert qui eut d'ailleurs comme élève un autre grand altiste, Jean Rogister (1879-1964), ami de Jongen, et dont soit dit en passant il serait plus que grand temps de réhabiliter l'œuvre remarquable de compositeur.

Mais c'est lors de la Guerre 14-18 et de son exil forcé en Angleterre, que Jongen va côtoyer le plus grand altiste de la première moitié du XXe siècle, Lionel Tertis (1876-1975) qui fit partie du fameux Quatuor Belge de Londres, quatuor à clavier dont Jongen était le brillant pianiste. En septembre 1915, le compositeur termine sa Suite pour alto et piano (ou orchestre) op. 48, avec certainement le jeu ample de Tertis à l'esprit, mais il semble bien que le virtuose ne fut guère enclin à la jouer, ce qui amena Jongen, après la guerre, à dédier son œuvre à l'altiste français Maurice Vieux (1884-1951) qui en fut le créateur aux Concerts Colonne parisiens, et qui sera dorénavant la source d'inspiration du maître liégeois, au gré de morceaux de concours pour alto imposés au Conservatoire de Paris : Allegro appassionato pour alto et piano (ou orchestre) op. 79 (1925), Introduction et Danse pour alto et piano (ou orchestre) op. 102 (1935), et Concertino pour alto et piano op. 111 (1940). Il va sans dire que par leur destination, ces œuvres sont d'une difficulté redoutable, exploitant au maximum les ressources de l'instrument, mais toujours au service de la musique. Par ailleurs les amateurs de cires anciennes peuvent encore entendre l'art suprême de Maurice Vieux dans la gravure légendaire du Quatuor à clavier n°2 en sol mineur op. 45, avec ses amis Marguerite Long, Jacques Thibaud et Pierre Fournier (EMI).

Nous avons déjà évoqué en début d'article le jeu exceptionnel des deux artistes de ce disque : rencontre musicale miraculeuse de l'altiste , jeune musicien plein de fougue chaleureuse et d'une sensibilité à fleur de peau, avec , pianiste à la sagesse et l'expérience de la maturité. Nous connaissons bien ce dernier comme soliste et chambriste hors pair depuis son brillant 3e Prix – à l'âge de 16 ans ! – au Concours Reine Elisabeth, session piano 1964, et il a déjà auparavant honoré d'un superbe disque de musique de chambre chez Cypres. Ici, pour faire bonne mesure, nous offre les versions de référence de deux pièces pour piano solo : Soleil à Midi op. 33/1, et l'Étude de concert n°2 op. 65 qu'il avait déjà gravée au tout début de sa carrière dans un récital pour
Decca Fonior belge.

Quant à , brillant lauréat du 11e Concours Johannes Brahms et de la Fondation Juventus, il joue un alto de Giovanni Battista Ceruti de 1811 à la sonorité particulièrement chaude, et nous livre son credo musical en ces quelques mots : « Personnellement, je trouve que la musique de Jongen est de loin à la fois plus raffinée, plus virtuose et plus belle que beaucoup d'œuvres pour alto du répertoire « typique » […]. Mon grand rêve est de convaincre non seulement les jeunes altistes, mais aussi les professeurs et les programmateurs de concerts que la musique de Jongen est une musique
fabuleuse. »

En tout cas, une chose est certaine : les interprétations enthousiasmantes de font vraiment honneur à la tradition de l'École Belge du Violon et ne peuvent que convaincre par leur justesse aboutie. Et d'espérer qu'après ses propos, il lui soit permis d'enregistrer, cette fois avec orchestre, les pages pour alto que Jongen a gratifié de sa chatoyance orchestrale si typique, car « fabuleux », le maître liégeois l'était aussi, et particulièrement, au niveau de l'orchestre !

 

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Joseph Jongen (1873-1953) : Allegro appassionato pour alto et piano op. 79 ; Introduction et Danse pour alto et piano op. 102 ; Concertino pour alto et piano op. 111 ; Suite pour alto et piano op. 48 ; Andante espressivo pour alto et piano ; Étude de concert n°2 pour piano solo op. 65 ; Soleil à midi pour piano solo op. 33/1. Nathan Braude, alto. Jean-Claude Vanden Eynden, piano. 1 CD Fuga Libera FUG586. Code barre : 5400439005860. Enregistré du 10 au 12 décembre 2010 en la Salle Ravenstein, Bruxelles. DDD. Notices bilingues (français, anglais) excellentes (Michel Stockhem). Durée : 62’56

 
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