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The Rake’s Progress à l’Opéra de Lorraine

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Nancy. Opéra national de Lorraine. 29-IX-2011. Igor Stravinsky (1882-1971) : The Rake’s Progress, opéra en trois actes et un épilogue sur un livret de Wystan Hugh Auden et Chester Kallman. Mise en scène : Carlos Wagner. Décors et costumes : Conor Murphy. Lumières : Christophe Pitoiset. Avec : Ingela Bohlin, Anne Trulove ; Sébastien Droy, Tom Rakewell ; Andrew Foster-Williams, Nick Shadow ; Manfred Hemm, Trulove ; Lenka Šmídová, Mother Goose ; Janja Vuletic, Baba la Turque ; Alexandre Swan, Sellem ; David Richards, le Garde ; Christophe Sagnier, Basse solo. Chœur de l’Opéra national de Lorraine (chef de chœur : Merion Powell), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, direction : Tito Muñoz.

Pour son ouverture de saison, l'Opéra national de Lorraine présente The Rake's Progress de Stravinsky, dans une coproduction inaugurée en 2008 par Angers Nantes Opéra.

A la mise en scène, dont Nancy a pu souvent apprécier l'inventivité et pour la distribution des trois rôles principaux, des chanteurs jeunes encore mais déjà réputés, s'épanouissant de plus en plus à chacune de leurs récentes apparitions.

Refusant toute référence au XVIIIè siècle, dont les gravures de William Hogarth ont pourtant inspiré le livret et dont la partition de Stravinsky est constamment imprégnée, inscrit résolument et avec cohérence cet « Itinéraire d'un libertin » dans notre monde moderne et matérialiste. L'argent y est le seul maître – c'est une armée de traders qui fréquente le bordel de Mother Goose ou la salle des ventes de Sellem – et l'on ne s'en évade que par l'alcool ou la cocaïne ou, comme Tom Rakewell, par la folie. L'usage classique du plateau tournant assure la fluidité des changements de tableau et symbolise l'écoulement du temps dans un décor unique, où la variation des atmosphères est essentiellement dévolue aux éclairages très raffinés de Christophe Pitoiset. Dans cet univers plutôt sombre, ménage heureusement des échappées bucoliques ou lyriques, toujours liées au personnage d'Anne Trulove, incarnation de la pureté et de l'incorruptibilité. Très réussie, la scène d'ouverture surprend Anne et Tom s'amusant comme des gamins à se photographier. Plus poignante, la scène finale voit Anne en figure maternelle accueillir Tom devenu fou sur ses genoux, telle une Pietà. Seule manque peut-être à cette mise en scène néanmoins remarquable, une dose supplémentaire de délire pour convaincre pleinement dans les tableaux de Baba la Turque (ici sans barbe mais obèse et chauve) ou de la vente aux enchères, handicapée par un Sellem bon acteur mais de projection et impériosité vocales limitées.

Est bien vue en revanche, et brillamment développée, l'idée d'avoir fait de Nick Shadow un sosie de Tom Rakewell, son côté sombre ou son Mister Hyde en quelque sorte, ainsi que de le diaboliser progressivement tout au long du spectacle jusqu'à lui faire pousser des cornes. y est impressionnant de noirceur (bien que son timbre, formé à l'école baroque, soit plus clair qu'à l'accoutumée pour ce rôle), d'autorité, d'impact, d'aisance. En Tom Rakewell naïf, grand benêt et un peu poète, Sébastian Droy séduit, en grand mozartien qu'il est, par la suavité du timbre, l'homogénéité vocale, la souplesse du legato. L'intense nostalgie de sa cavatine « Love, too frequently betrayed » le trouve à son meilleur. Seuls l'incarnation un peu monochrome et la prononciation pas toujours idiomatique de l'anglais se perfectionneront avec une plus longue fréquentation du rôle, qu'il interprétait ici pour la première fois. incarne une Anne Trulove mignonne comme tout avec sa robe verte à pois et son petit sac à dos et y offre une pureté de timbre, une lumière des aigus, une fraîcheur quasiment idéaux. La projection un peu limitée est certainement à mettre au compte de l'indisposition de santé annoncée, dont elle était victime. C'est aussi pourquoi, après un aria « Quietly, night » superbe d'émotion contenue, la cabalette « I go to him » la trouve un tantinet à court de souffle et d'agilité. La Mother Goose de Lenka Šmídová est idoine de truculence et de graves poitrinés, la Baba la Turque de marque moins.

Très mis à contribution par la mise en scène, le chœur de l'Opéra national de Lorraine s'en sort parfaitement. Extrêmement concentré, l' réussit une irréprochable performance, où les pupitres de bois et de vents, fort sollicités par la partition, réalisent d'impeccables solos. A sa tête, soigne la motricité et la mise en place, dirige net et droit, mais reste globalement très sérieux tout du long et manque de l'humour nécessaire à certains tableaux.

Est-ce le début de saison, l'œuvre moins connue ou le nom de Stravinsky qui effraie encore ? La salle de l'Opéra de Nancy n'était en effet que partiellement remplie. Souhaitons que le bouche à oreille fonctionne pour les représentations suivantes et, sinon, rendez-vous sur France-Musique le 15 octobre pour la radiodiffusion en différé de ce spectacle.

Crédit photographique : © Opéra national de Lorraine

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Nancy. Opéra national de Lorraine. 29-IX-2011. Igor Stravinsky (1882-1971) : The Rake’s Progress, opéra en trois actes et un épilogue sur un livret de Wystan Hugh Auden et Chester Kallman. Mise en scène : Carlos Wagner. Décors et costumes : Conor Murphy. Lumières : Christophe Pitoiset. Avec : Ingela Bohlin, Anne Trulove ; Sébastien Droy, Tom Rakewell ; Andrew Foster-Williams, Nick Shadow ; Manfred Hemm, Trulove ; Lenka Šmídová, Mother Goose ; Janja Vuletic, Baba la Turque ; Alexandre Swan, Sellem ; David Richards, le Garde ; Christophe Sagnier, Basse solo. Chœur de l’Opéra national de Lorraine (chef de chœur : Merion Powell), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, direction : Tito Muñoz.

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