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Lyon. Basilique Saint-Martin d’Ainay. 15-IX-2011. Pierre de la Rue (vers 1452-1518) ; Jean de Ockeghem (ca.1420-1497) ; Antoine Busnoys (ca.1430-1492) ; Johannes Lupus ( ?-1530) ; Josquin Desprez (vers 1450-1521) ; Jacob Obrecht (vers 1457-1505). Diabolus in Musica, direction : Antoine Guerber.
Depuis quelques années, le Festival d'Ambronay vient proposer un ou plusieurs concerts à Lyon. La basilique d'Ainay (XIIème siècle) était le cadre idéal pour accueillir l'ensemble de musique médiévale Diabolus in Musica.
« Un requiem pour la voix d'or de Jean de Ockeghem », tel était le thème du concert composé d'oeuvres que quelques-uns de ses pairs lui ont dédiées.
Antoine Guerber introduit, en vieux « françois », le concert qui débute avec le motet « plorer, gémir, crier, requiem » de Pierre de la Rue. C'est avec le Kyrie de la Missa Mi-mi que les huit chanteurs de Diabolus in Musica s'installent et offrent un vrai et beau son d'ensemble. On admire la longueur des voix. Le motet « Ergone canticuit » de Johannes Lupus montre la difficulté de chanter (très) juste a capella, même pour d'excellents professionnels. Les « nymphes des bois » de Josquin Desprez voient apparaître… une nymphe, Marie Pouchelon, qui rejoint quatre de ses collègues masculins pour une superbe interprétation de ce motet. Tout à fait dans l'esprit du texte, avec de bien belles nuances.
Nous voici déjà devant l'œuvre principale du concert : la Missa Sicut spina rosam de Jacob Obrecht. Le Kyrie, à huit voix, semble s'appuyer sur la voix de la basse Philippe Roche. Les deux altos, Frédéric Betous et Andrés Rojas-Urrego, se régalent dans le Gloria et le public… aussi ! Le Credo permet à Diabolus in Musica d'être au complet. La mezzo, Axelle Bernage, et la basse, Philippe Roche, encadrent (au propre et au figuré) leurs partenaires et, du coup, les ténors paraissent un peu en retrait. Encore une fois, on admire la tenue finale, longue, longue et belle. L'interprétation du Sanctus et de l'Agnus montre clairement que, dans la musique médiévale plus encore que dans une autre, paroles et musique doivent totalement se correspondre. Les chanteuses et chanteurs de Diabolus in Musica l'ont bien démontré, une fois de plus.
Malgré l'effet « festival », la basilique d'Ainay n'a pas fait le plein. Et c'est bien dommage ! La musique médiévale fait-elle peur ? Le public pense-t-il qu'il faut être érudit ou musicologue pour l'apprécier ? Est-elle ennuyeuse ? Non, non et non ! Nous avons, en France, d'excellents professeurs de musique ancienne. Ils nous ont donnés des ensembles de très grande qualité : d'Organum à Diabolus in Musica, en passant par Musica Nova, Doulce Mémoire, Gilles Binchois et bien d'autres. A l'étranger, la Capilla Flamenca, Dialogos, Odhecaton, Mala Punica et leurs collègues ne sont pas en reste.
Comme l'a dit Antoine Guerber : « les gens écoutent deux minutes de cette musique médiévale et jugent, sur l'instant, que c'est ennuyeux ! ». Alors, mélomanes, prenez un peu de temps. Osez ! Osez écouter cette musique ancienne. Elle est belle et bonne. Elle est souvent simple et pour cause : nombre de thèmes viennent de la rue, de chansons populaires entendues, au fil d'une dizaine de siècles, par des compositeurs qui, les reprenant, en ont fait de superbes pages sacrées ou… coquines ! Mais toujours belles !
Crédit photographique : Antoine Guerber/Jean-Noël Démard
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Lyon. Basilique Saint-Martin d’Ainay. 15-IX-2011. Pierre de la Rue (vers 1452-1518) ; Jean de Ockeghem (ca.1420-1497) ; Antoine Busnoys (ca.1430-1492) ; Johannes Lupus ( ?-1530) ; Josquin Desprez (vers 1450-1521) ; Jacob Obrecht (vers 1457-1505). Diabolus in Musica, direction : Antoine Guerber.