The Turn of the Screw à Glyndebourne : un miracle de théâtre

Dès les premières notes, l'étrange climat qui parfume cette œuvre émerge de cet enregistrement. Donné pour la première fois au Festival de Glyndebourne, pourtant berceau des opéras de Benjamin Britten, The Turn of the Screw s'inscrit comme une réussite totale.

Merci à la magistrale direction d'orchestre d'Edward Gardner qui d'emblée cerne les atmosphères pesantes qui entourent cette fable psychologique ambiguë. La clarté avec laquelle chaque instrument brille scelle avec brio toutes les ambiances du drame. Ainsi les admirables images musicales des cordes volontairement acides et grinçantes qui accompagnent le récit de Mrs. Grose racontant la mort de Quint sur la route verglacée.

Du côté des solistes, le remarquable travail orchestral semble avoir dopé les chanteurs qui plongent dans cette histoire avec beaucoup d'engagement. La soprano Camilla Tilling (La Gouvernante) prend son personnage à bras le corps relevant toute la frayeur psychologique qu'il ressent avec le retour des fantômes perturbant les enfants dont elle a la garde. Magnifiquement chantés, les deux enfants de Joanna Songi (Flora) et Christopher Sladdin (Miles) sont superbes de juvénile candeur.

Tout aussi remarquable, la prise de son est à relever par sa qualité exceptionnelle. La présence de l'orchestre, celle des solistes occupant les espaces scéniques, se déplaçant d'un côté ou de l'autre du plateau, s'éloignant vers le fond de scène, leurs voix disparaissant légèrement ou réapparaissant soudainement, confère à cet enregistrement une spatialité scénique miraculeuse et terriblement théâtrale.

Devant l'énorme succès populaire de cette production, on annonce la sortie prochaine d'un dvd de ces représentations.