12e Festival de Basse-Navarre, sous le signe de l’orgue
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Premier weekend de concerts du Festival de Basse-Navarre cru 2011
Repris par Benjamin François, par ailleurs producteur sur France-Musique, le Festival de Basse-Navarre s'est associé avec Orgues en Baïgorry pour mettre en valeur- et en musique – le patrimoine exceptionnel des orgues en Pays Basque. Loin de la jet-set biarrote et de la très ravélienne ville de Ciboure, le Festival de Basse-Navarre parcours pendant 15 jours (du 12 au 28 août) les vallées du département des Pyrénées-Atlantique et de la Province de Navarre (Espagne), allant d'un village à l'autre, illustrant ainsi la notion de « passage » retenue comme idée forte de la programmation 2011. Et depuis l'Empire romain, d'exil en exil (Reconquista, 2nde Guerre Mondiale, carlistes, républicains espagnols, indépendantistes basques, …) ce coin a vu passer du monde…
Le week-end d'ouverture (12/14 août) s'annonçait sous le signe de l'orgue. Dans l'église né-gothique de Saint-Palais trône un Cavaillé-Coll splendide, construit pour l'exposition de Barcelone de 1874 et transporté en 1888 par le mécénat de Théodore d'Arthez. Classé aux Monuments historiques, l'orgue a été relevé en 1986 par Jean-François Dupont. L'instrument idéal pour la musique de Jehan Alain autour d'un spectacle conçu par Benjamin François, basé sur la correspondance du compositeur. Outre Jehan Alain, dont les œuvres allant des « classiques » (Litanies) à des pièces plus anecdotiques, étaient proposées diverses pièces dont le cycle Les Angélus de Louis Vierne, le tout admirablement défendu par Vincent Warnier (orgue), Isa Lagarde et Angèle Chemin( sopranos). On regrettera une sonorisation défaillante dans un si vaste édifice pour les prestations du récitant et du comédien figurant Jehan Alain (Olivier Achard) ainsi que le propos, somme toute assez mince : sur les 29 ans de sa courte vie, ce compositeur par sa correspondance ne propose que le quotidien et les états d'âmes d'un petit bourgeois catholique des années 30.
Toujours la 2nde Guerre Mondiale comme thème le lendemain, avec les « compositeurs interdits » du IIIe Reich. Pas d'internés de Thieresenstadt cette fois, mais des créateurs trop « juifs » pour l'époque pour être honnêtes, bien que certains furent décédés depuis longtemps : Ernest Bloch, Kurt Weill, Darius Milhaud, Gustav Mahler et Felix Mendelssohn-Bartholdy. Après une séance introductive sous forme de conférence par Philippe Ollivier, le concert se tenait dans la salle du Plaza Xoco de Saint-Etienne de Baïgorry pour un récital de mélodies, songs et lieder de ces compositeurs. Monique Simon, mezzo-soprano au timbre homogène, très fine diseuse en français comme en allemand, est l'interprète idéale de ce répertoire, ajoutant à cette liste les Mélodies hébraïques de Maurice Ravel. Malheureusement le pianiste Clément Mao-Takacs confirme l'adage « chacun son métier ». Excellent accompagnateur, il entrecoupe chaque série d'œuvres par de longs commentaires verbeux, ennuyeux, inutiles et de surcroît erronés, déplaçant les dates de l'Etat français de Vichy à 1939-45, inventant les propos, goûts et couleurs de Paul Claudel et Darius Milhaud, le tout agrémenté de remises en places incessantes de sa chevelure lisztienne… Nous ne saurons que trop lui conseiller la lecture de Am I too loud ? Memoirs of an Accompagnist, de Gerald Moore, malheureusement pas encore traduit en français.
Ce weekend se terminait avec de l'orgue, direction le XVIIIe siècle. L'église de Saint-Etienne de Baïgorry possède un orgue neuf, inauguré en 1999, fait par le facteur Rémy Mahler. Cet instrument, d'esthétique post-baroque d'Allemagne du sud (mais au diapason moderne), a valu à son créateur le « Prix Artisanat » du salon Musicora en 2000 et la nomination au grade de Chevalier des Arts et lettres la même année. Et il s'agit véritablement d'un instrument exceptionnel, aux sonorités presque symphoniques, qui peut convenir à bien des répertoires – et pas uniquement au baroque tardif. C'est toutefois aux Sonates pour viole de gambe et clavecin de Johann Sebastian Bach qu'était consacrée la soirée, mais… jouées au violoncelle et, forcément, à l'orgue. Vincent Warnier une fois de plus officiait aux claviers, accompagnant Henri Demarquette dans une lecture toute en finesse et en justesse des ces sonates. Une interprétation moderne sur des canons baroques.
Crédit photographique : orgues Rémy Mahler de Baïgorry © DR
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