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Milan. Teatro Alla Scala. 8-VII-2010. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Attila, opéra en un prologue et trois actes. Mise en scène : Gabriele Lavia ; Décors : Alessandro Camera ; Costumes : Andrea Viotti ; Lumières : Gabriele Lavia et Marco Filibeck. Avec : Michele Pertusi, Attila ; Leo Nucci, Ezio ; Lucrecia Garcia, Odabella ; Giuseppe Gipali, Gianluca Floris, Uldino ; Ernesto Panariello, Leone. Choeur de La Scala de Milan, direction : Bruno Casoni. Orchestre du Théâtre de la Scala de Milan, direction : Nicola Luisotti
Existe-t-il une malédiction Attila ? Peu présent sur scène, cet opéra de Verdi est redoutablement difficile à produire.
Outre une orchestration qui ne ménage pas ses effets, le livret est très délicat à mettre en scène. Le public de l'Opéra de Paris se souvient de l'un des plus grands plantages de la Grande boutique : une mise en scène grotesque et pathétique confiée au duo Jeanne Moreau et Josée Dayan (2001). À la Scala, l'œuvre est aussi rare, que scéniquement mal servie. La précédente production de la partition (1991) à mettre au crédit de Jérôme Savary faisait très carton-pâte (on la retrouve en DVD chez Opus Arte), même si musicalement, elle marqua les esprits. Pour cette nouvelle production, La Scala a confié l'œuvre au très expérimenté Gabriela Lavia. Ce dernier, en collaboration, avec son équipe scénique opte pour une lecture « ni-ni », c'est à dire, ni trop passéiste, ni trop contemporaine. Si le prologue et les deux premiers actes sont très fidèles au livret, les deux derniers font de la pièce un « théâtre dans le théâtre » avec une action qui se déroule devant une copie des loges de La Scala. La direction d'acteur est très professionnelle et sait aménager avec compétence les nombreuses scènes de foule et les scènes plus intimistes. Les costumes s'avèrent très esthétiques et les lumières très travaillées.
Musicalement, Attila est une œuvre de chef ! Ce dernier doit dompter une orchestration qui ne demande qu'à s'ébrouer avec vigueur. Nicola Luisotti, déjà remarqué à plusieurs reprises, s'impose encore comme l'un des grands chefs verdiens actuels. Sa direction possède tout ce qu'il faut d'énergie et de tension et surtout elle sait faire sonner l'orchestre de La Scala, dont les couleurs dans cette musique sont sans équivalent. Le chef italien porte l'œuvre de bout en bout. Le chœur de La Scala ne mérite que des éloges par sa puissance, sa projection, ses couleurs et surtout son homogénéité. Pour un spectateur habitué au débraillé d'un chœur comme celui de La Monnaie, l'enthousiasme est grand devant une telle performance.
La distribution était composée de valeurs sûres. En tête d'affiche, l'inoxydable Leo Nucci jouait à domicile devant son public en délire ! Bientôt septuagénaire, le légendaire baryton assure crânement, même si le timbre est forcément moins beau et qu'il doit passer en force certains passages délicats. Habitué du rôle d'Attila, Michele Pertusi s'impose facilement par sa maîtrise du style et des difficultés de la partition. Chanteuse en peine ascension, Lucrecia García présente des moyens vocaux colossaux qui ne demanderaient qu'à être un peu plus domestiqués. Les autres chanteurs se sont montrés à la hauteur de l'enjeu.
Cette production d'Attila est donc une belle réussite musicale et l'on espère que La Scala poursuivra cette exploration des Verdi moins connus.
Crédeit photographique : © Brescia e Amisano, Teatro alla Scala
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Milan. Teatro Alla Scala. 8-VII-2010. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Attila, opéra en un prologue et trois actes. Mise en scène : Gabriele Lavia ; Décors : Alessandro Camera ; Costumes : Andrea Viotti ; Lumières : Gabriele Lavia et Marco Filibeck. Avec : Michele Pertusi, Attila ; Leo Nucci, Ezio ; Lucrecia Garcia, Odabella ; Giuseppe Gipali, Gianluca Floris, Uldino ; Ernesto Panariello, Leone. Choeur de La Scala de Milan, direction : Bruno Casoni. Orchestre du Théâtre de la Scala de Milan, direction : Nicola Luisotti