Bruckner par Maazel avec l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
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Anton Bruckner (1824-1896) : intégrale des symphonies. Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, direction : Lorin Maazel. 1 coffret de 11 CD BR Klassik. Référence BR 900711. Code barre : 4 035719 007114. Enregistré en concert en 1999. Notice de présentation en : anglais et allemand. Durée : 12h55
BR KlassikLe label de la radio bavaroise édite l'intégrale des symphonies de Bruckner sous la baguette de Lorin Maazel. Curieusement, au long de son immense carrière, Maazel n'avait pas encore gravé l'intégrale des symphonies de Bruckner. Multirécidiviste en matière de Sibelius, Mahler, Berlioz ou Ravel, on ne lui devait que trois gravures isolées de symphonies de Bruckner : la Symphonie n°5 avec le philharmonique de Vienne (Decca, 1974) et les Symphonies n°7 et n°8 avec le philharmonique de Berlin (EMI, 1988-1989). Aucun de ces témoignages, très discrets en terme de rééditions, ne pouvaient témoigner de la fibre brucknérienne du virtuose de la baguette. La radio de Munich comble donc une lacune de ce qui s'imposera comme la première intégrale Bruckner d'un chef américain ! Pour les puristes, Maazel reste exclusivement fidèle aux éditions de Leopold Nowak et le chef dirige même la Symphonie n°0 en ré mineur WAB 100.
Ce coffret est à la fois intéressant et problématique ! Du côté orchestral, le fini technique de l'orchestre de la radio bavaroise est époustouflant. On sait le chef maniaque de précision et de mise en place, mais la performance de ces musiciens, captés en concert n'en reste pas moins impressionnante. À la tête d'un orchestre virtuose qui connaît ces partitions comme sa poche, Maazel impose un Bruckner de chef à la fois massif et volontairement spectaculaire. En matière de tempi, le chef américain est plutôt lent, moins que Celibidache certes, mais Maazel figure dans le peloton des chefs lents avec Giulini ou Thielemann, mais sans l'impact émotionnel du premier mais avec l'amour des tics de chef du second…
Il est essentiel de reconnaître que Maazel a de la constance et que l'ensemble des symphonies est traité avec un même esprit ! Même les symphonies n°0, n°1 et n°2 abandonnent toute légèreté primesautière ou toute référence à Schubert pour verser dans le massif et l'herculéen ! On n'est pas si loin de l'intégrale (assez justement négligée de Karajan pour DGG) avec un technicien qui joue de l'orchestre. Pas de Bruckner conquérant (façon Jochum), de Bruckner sec (Solti) ou de Bruckner métaphysique et méditatif (façon Celibidache ou Giulini), mais un Bruckner unilatéralement orchestral.
Le résultat est mitigé car à force de cultiver la masse orchestrale pour la masse orchestrale, le chef en perd parfois tout fil conducteur et en devient amorphe ou pesant : c'est le cas des symphonies n°5 et surtout n°9, plombées par cette volonté de décanter le message et faire mousser les effets, c'est d'autant plus flagrant qu'il ne semble pas y avoir de volonté derrière cette excessive retenue des tempi. Si l'on accepte l'approche unilatérale des symphonies n°0 à n°2, la vision du chef peut séduire par cette faculté à se servir d'une pâte orchestrale et la transformer en démonstration d'orchestre.
Au final, on retient, en tête d'affiche des symphonies n°3, n°4 et surtout n°7 et n°8 menées avec compétence et sens des gradations. C'est à travers la grandiose symphonie n°8 que le chef est plus à son aise. Très retenue, cette interprétation, un peu comme celle très mésestimée de Sinopoli à Dresde (DGG), sait combiner un creusement de l'instrumentation, un sens des dynamiques et une superlative beauté plastique des pupitres.
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Anton Bruckner (1824-1896) : intégrale des symphonies. Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, direction : Lorin Maazel. 1 coffret de 11 CD BR Klassik. Référence BR 900711. Code barre : 4 035719 007114. Enregistré en concert en 1999. Notice de présentation en : anglais et allemand. Durée : 12h55
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