Julie André T. : Alerte rouge

Une performance québécoise sous le signe de l’écarlate. Sous le signe de l’accumulation d’objets, une expérience éprouvante pour les sens.

Dans un espace vierge arrive une fille à l’air banal. Malicieusement, elle ouvre une grande malle à accessoires d’où elle sort un cerf rouge. Un objet, puis un autre, et encore un autre, qu’elle éparpille au sol ou suspend à l’un des crochets pendant des cintres. Objets de pacotille, ils ont tous en commun d’être rouge sang, comme le jus du poivron qui a coulé sur ses vêtements, comme le liquide qui coule entre ses jambes, comme les bonbons cachés dans le crâne d’un squelette d’étude.

« What colour is this ? It’s red » seront les seules paroles de cette performance dérangeante et intranquille. Car si, au début, tout paraît sous contrôle dans cette litanie des objets, la musique signée Laurent Maslé ou les lumières signées Jean Jauvin font naître une impression d’étrangeté. Une impression renforcée par l’accumulation d’objets de plus en plus hétéroclites, de plus en plus sales, de plus en plus mélangés…

La pièce prend alors la forme d’un rituel, une sorte de célébration sacrificielle dans laquelle entre le sexe, la sueur et la peinture dans un épuisement absolu des sens. Au centre de ce délire écarlate, Julie Andrée T. essaie tout, sert à la fois de support et de réceptacle, traite son corps et l’espace qui l’entoure comme une serpillière. Eprouvant pour la performeuse, mais parfois aussi pour le spectateur, sidéré – au sens propre – par une telle débauche de matière…

Crédit photographique : © Guy Lheureux