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Vienne. Musikverein. XXVIII-IV-2011. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate en do majeur op. 53 (« Waldstein »), Sonate en do mineur op. 111 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Quatre ballades pour piano op. 10 ; Arnold Schönberg (1874-1951) : Six petites pièces pour piano op. 19. Leif Ove Andsnes, piano.

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au piano, c'est la rencontre de l'esprit et de la matière.

Finesse et sensibilité ne seraient que de vains mots s'il n'y avait pas cette élégante façon de se mouvoir, ce toucher ferme et net, cette rondeur dans la narration des traits… Sous les ors de la Grande Salle du Musikverein de Vienne, il a produit un récital irréprochable de maîtrise et de simplicité.

Le ton est donné dès la fameuse Sonate «Waldstein» de Beethoven. Ove Andsnes y déploie sans effort apparent une prodigieuse souplesse, ne brusquant jamais les lignes mélodiques malgré la montée en intensité de la partition. L'Allegro n'est nullement martelé, comme c'est si souvent le cas ; les accords rapprochés de la main gauche restent un fond sonore dynamique certes, mais pas agressif. Dans le Rondo final, on atteint au degré suprême de plénitude pianistique : un chant clair, noble et fier s'élève, absolument indépendant de la chevauchée fantastique de la main gauche. Le rythme, les accents, les respirations sont magnifiquement en place : après ces vingt premières minutes, tout est déjà dit.

Les quatre Ballades de l'opus 10 de Brahms, moins tournées sur le monde que l'épopée beethovenienne, sont l'occasion d'une introspection grave et méditative. Particulièrement inspiré, Ove Andsnes en propose une version légère, presque ténue, où seuls quelques accords martiaux rappellent la puissance dont il est capable. Ici, la vraie force est contenue, qui fait vibrer chaque mesure d'une tension contrôlée. La Ballade écossaise «Edward», notamment, aura bouleversé chacun par sa funèbre mélancolie.

En seconde partie, les six petits Klavierstücke de Schönberg d'abord, courtes pièces composées sous le choc de la mort de Mahler. Là encore, rien que de très aérien ; au-delà de la brièveté de la forme et avec une technique impressionniste consommée, Ove Andsnes rend une inquiétante sensation d'éphémère. À peine a-t-il pris son envol que l'écho des notes expire déjà sous ses doigts. En vrai prestidigitateur, il subtilise le temps et illusionne le public : c'est du grand art.

Beethoven enfin, pour clore ce programme. Cette fois, c'est la Sonate op. 111 que Ove Andsnes a choisie. Une introduction parfaitement macabre précède l'exposition vigoureuse du célèbre thème en point d'interrogation ; le pianiste prend à partie, questionne sans relâche… Ce n'est pas sur lui qu'il exerce une pression, mais bien sur son auditoire ! L'on ressort un peu écrasé de ce premier mouvement, comme si les mains du pianiste avaient couru sur notre propre poitrine. L'Arietta vient nous délasser, Ove Andsnes donnant libre cours à sa fantaisie. La modulation jazzie produit bien sûr son petit effet, mais n'épuise pas l'entrain du pianiste, qui conserve jusque dans l'Adagio une alacrité chantante, renouvelée dans la Grande valse de Chopin qu'il donne en bis.

est de ceux dont l'esprit, lorsqu'il jaillit, inonde tout. Comment ne pas reconnaître en lui un immense pianiste ?

Crédit photographique : © Felix Brœde / EMI Classics

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Vienne. Musikverein. XXVIII-IV-2011. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate en do majeur op. 53 (« Waldstein »), Sonate en do mineur op. 111 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Quatre ballades pour piano op. 10 ; Arnold Schönberg (1874-1951) : Six petites pièces pour piano op. 19. Leif Ove Andsnes, piano.

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