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Les mouvements lents dans les symphonies de Carl Nielsen

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« Une affiche de concert jaunie par le temps et abandonnée à sa solitude dans un dossier oublié est-elle à jamais condamnée au silence ? Nous voulons croire que ce triste destin apparemment inexorable mérite de recevoir un démenti cinglant, ne serait-ce que le temps d’une lecture. » Voilà comment débute ce dossier élaboré par le président fondateur de l’Association française Carl Nielsen. Pour accéder au dossier complet : Sur les traces de Carl Nielsen

 
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L'habitude a été prise depuis fort longtemps de présenter et de commenter l'œuvre de de manière à la fois contradictoire et incomplète.

En soulignant ses aspects modernistes ou modernisants, les commentateurs méconnaissent sa situation esthétique et son parcours créateur, lesquels offrent une complexité beaucoup plus marquée. Comment, ayant connu et fréquenté J. P. E. Hartmann, Niels Gade et Edvard Grieg, aurait-il pu tirer un trait de rejet intégral sur cet héritage romantique ? Est-il possible de croire que sa proximité avec le post-romantisme ambiant n'ait laissé aucune trace sur sa musique ? Nielsen a certes représenté une volonté de dépasser les normes stylistiques de son temps, lesquelles étaient au Danemark directement issues du romantisme germanique. Mais il ne l'a jamais fait dans un esprit iconoclaste systématique. Ses propres métamorphoses d'homme et de créateur l'ont poussé à façonner un langage personnel reposant sur son héritage scandinave.

En insistant régulièrement sur les aspects néoclassiques de son catalogue, son côté sentimental, lyrique et pour tout dire romantique est injustement laissé dans l'ombre. Sans jamais verser dans un réel pathos romantique à la manière d'un Tchaïkovski, il lui arrive d'inventer de très belles musiques, rêveuses, pleines de réflexion et de beauté passionnée et fervente. Cet aspect de sa création musicale se trouve dans les mouvements lents de ses six symphonies, cycle au cours duquel sa manière évolue constamment.

Ses six symphonies marquent une à une les étapes essentielles de son parcours esthétique tout comme Jean Sibelius à la même époque, et les autres grands symphonistes depuis Haydn. Nielsen se positionne autour du point d'intersection du classicisme, du romantisme, du post-romantisme et bientôt du néo-classicisme mais toujours dans une optique très personnelle et singulière. Ses paramètres individuels ont largement contribué à façonner un cycle authentiquement distinct. Chacune des symphonies véhiculent le plus pointu et le plus travaillé de ses recherches faisant alterner des mouvements rapides puissamment et savamment rythmés aux mélodies uniques et attachantes et aussi des mouvements lents où il parvient à faire s'exprimer des sentiments, des émotions, des passions et une sensibilité parvenant à nous confirmer, si besoin en était, combien cultivait une intense ferveur intérieure tout en refusant catégoriquement tout larmoiement, apitoiement et sanglot insincère.

Le langage musical de Nielsen absorbe et mixte ces diverses sources associant la tradition, des aspects musicaux nationaux et sa puissante individualité. Ainsi se détache-t-il de l'idéal romantique en négligeant, ou tout au moins amoindrissant sensiblement, la notion de mélodie romantique incessante et répétée. Il utilisera pour ce faire une mélodie strictement diatonique, une tonalité modale et enfin, plus tard dans son évolution, une importance accrue accordée aux percussions. Son harmonie s'appuie sur une tonalité élargie allant jusqu'à la polytonalité.

Chacun des mouvements lents de ses symphonies, isolé de son contexte, accentue cet aspect «romantique» et authentique de l'homme et de l'artiste , où l'acceptation d'un héritage se combine au désir de le dépasser.

Lire l'étude :  Les mouvements lents dans les symphonies de Carl Nielsen

 

 

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