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Brigitte Engerer et Henri Demarquette, romantisme en bonne compagnie

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 23-III-2011. Robert Schumann (1810-1856) : Trois Fantasiestücke op. 73. Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate pour violoncelle et piano op. 65. Franz Liszt (1811-1886) : Trois Sonnets de Pétrarque. Sergueï Prokofiev (1891-1953)  : Sonate pour violoncelle et piano op. 119. Henri Demarquette, violoncelle ; Brigitte Engerer, piano.

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Pour ce concert de début de printemps, et ont choisi de nous plonger en plein romantisme avec Schumann, Chopin et Liszt, avant de finir avec une œuvre de 1949 que Prokofiev écrivit pour Rostropovitch, dont le ton est sans doute plus proche des trois autres œuvres au programme que de la musique de son temps, le milieu de XXème siècle.

Le duo Engerer-Demarquette n'en est pas à ses débuts, il enregistra d'ailleurs la Sonate de Chopin dès 2003, et on ne peut que constater que ces deux musiciens s'entendent cordialement pour jouer dans le même ton avec une impeccable balance instrumentale où jamais le piano n'étouffe le violoncelle, ni ne s'efface derrière lui, comme parfois les accompagnateurs de Rostropovitch dans la même sonate de Prokofiev. On put se rendre compte de ce bel équilibre sonore dans les quatre œuvres du programme régulier et dans les quatre bis généreusement offerts. Musicalement toutefois, il nous a semblé que le violoncelle était porteur de plus d'éloquence que le piano, peut-être justement parce que le contrôle de la puissance sonore auquel s'astreignait la pianiste lui imposait une légère réserve expressive. Sans trop de dommages ce soir car cette réserve allait comme un gant aux œuvres choisies qui, bien que romantiques, n'étaient pas spécialement extraverties ou spectaculaires. Rendons grâce à nos deux interprètes de l'avoir parfaitement bien compris et d'en avoir respecté l'esprit.

De part et d'autre de l'entracte le concert était construit de façon très symétrique, avec une première œuvre de 12-15'en trois mouvements suivi d'une sonate d'à peu près 25'. Ainsi les Fantasiestücke op. 73 de Schumann ouvrirent le feu tout en douceur et amabilité, donnant le ton à toute la soirée. L'Allegro moderato de la Sonate de Chopin enchaina sur ce même ton respectueusement modéré et suffisamment animé pour accrocher l'auditeur. On s'en doute, l'atmosphère proche d'un nocturne du troisième mouvement Largo fut très bien rendue, et l'Allegro final apporta le surplus d'élan attendu. Après l'entracte vint ce qui, pour nous, fut le meilleur moment de la soirée avec les Trois Sonnets de Pétrarque de Liszt qui nous semblèrent idéal de tempo, de phrasé et d'intensité. Dommage que ça ne dure pas plus longtemps. Car la Sonate de Prokofiev, bien qu'écrite pour le jeune et brillant Rostropovitch, ne nous semble pas d'un niveau d'inspiration aussi constant et aurait pu être plus spectaculaire compte tenu des capacités exceptionnelles de son inspirateur. Ecouter cette œuvre de 1949 dans la foulée des trois autres montre à l'évidence, outre la cohérence du programme choisi, qu'elle hérite fondamentalement du style romantique, presque étrangère à son propre temps. Faisant appel plus souvent aux ressources mélodiques et lyriques qu'aux capacités rythmiques des instruments, elle fut néanmoins l'occasion pour de pousser l'exploitation de l'instrument plus loin, avec des attaques d'archet plus vigoureuses, des pizz plus tranchants, sans jamais se démunir d'une sobriété de style, dans la parfaite continuité des trois œuvres précédentes. Cette cohérence de programme et de ton, tout à l'honneur des interprètes, fut aussi petite frustration, un chouïa de variété n'aurait pas nuit, d'autant que la générosité des deux artistes leur a fait enchainer pas moins de quatre bis tout aussi sobres et paisibles, sans le côté ludique qui aurait pu trancher, reprenant trois des pièces de leur album L'invitation au voyage (2007), Pièce en forme de Habanera de Ravel, Le Cygne de Saint-Saëns, La Reine de cœur de Poulenc et intercalant Prière sans parole de Piazzolla.

Crédit photographique : photo © DR

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