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Versailles. Opéra Royal de Versailles. 20-III-2011. Henry Purcell (1659-1695) : Abdelazer, suite ; Music for a while ; Dido and Ænas, opéra en trois actes sur un livret de Nahum Tate. Mise en scène : Bernard Lévy ; scénographie : Giulio Lichtner ; costumes : Elsa Pavanel. Avec : Isabelle Druet, Didon ; Arnaud Guillou, Enée ; Camille Poul, Bélinda ; Edwige Parat, la seconde suivante ; Sarah Jouffroy, l’Enchanteresse ; Agathe Boudet, une sorcière ; Fiona Mc Gown, une sorcière ; François Rougier, le marin ; Antoine Strub, l’Esprit ; Ensemble Aedes (chef de chœur : Mathieu Romano) ; Ensemble Les Nouveaux Caractères ; direction : Sébastien d’Hérin
Sous la voute dorée de l'Opéra Royal, chaleur, excellence et simplicité se côtoient sans contradictions. Impossible n'est pas Versailles, me direz-vous.
Encore fallait-il toute l'intelligence et la générosité d'un Sébastien d'Hérin, la vitalité des ensembles Les Nouveaux Caractères et Aedes, pour monter ce Didon et Enée de Henry Purcell, considéré souvent comme l'œuvre maîtresse de l'Orpheus Britanicus. Le coup de maître de la version ici présentée résulte du fait qu'elle sait parfaitement respecter les lois du genre, à la manière d'un Christie ou d'un Niquet, tout en y apportant une dose de liberté de ton, d'audace jamais gratuite, qui rend l'intrigue profondément humaine : l'on n'écoute plus une œuvre, l'on s'attache à un drame et à des personnages aux caractères éternels.
A la recherche du prologue perdu, Les Nouveaux Caractères nous restituent en musique ce qu'il aurait pu être, avec l'ouverture sur la suite d'Abdelazer, version placée sous le signe de la spontanéité et du naturel dans un jeu qui brise la glace entre musiciens et spectateurs. Puis, cette énergie crée rencontre l'émotion pure dans le très touchant Music for a While, interprété avec grande sensibilité par François Rougier.
Puis le rideau se lève sur un décor ultra minimaliste, qui a au moins le mérite de nous focaliser directement sur l'essence même du chant et de l'intrigue, évitant ainsi l'écueil trop connu de la provocation facile de certains metteurs en scène. La qualité de la distribution est au rendez-vous dans les rôles principaux comme dans les secondaires. Surtout, – et c'est chose précieuse, tous les chanteurs sont aussi d'excellents comédiens : le public découvre ainsi une Belinda (Camille Poul), au timbre chaud et ample, en dame de compagnie attentive et dévouée dans « Shake the cloud from off your bow », rêveuse dans « Thanks to these lonesome vales ».
Magnifique fut la prestation d'Isabelle Druet, révélation Lyrique des Victoires de la Musique 2010, humaine et émouvante, du début « Ah ! Belinda, I am prest with the torment » à la fin “When I am laid in earth”. Sans oublier la belle présence scénique et la puissance d'Enée (Arnaud Guillou) ou encore le jeu hilarant des Sorcières (Sarah Jouffroy, Agathe Boudet, Fiona Mac Gown) relayé par les effets orchestraux apportant une vitalité et une impertinence à propos.
Quand intelligence et talent il y a, humaine devient la grandeur, voilà ce que l'on retient à Versailles, quand le soleil se couche sur ses jardins.
Crédit photographique : Isabelle Druet (Didon) & Camille Poul (Belinda) © DR
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Versailles. Opéra Royal de Versailles. 20-III-2011. Henry Purcell (1659-1695) : Abdelazer, suite ; Music for a while ; Dido and Ænas, opéra en trois actes sur un livret de Nahum Tate. Mise en scène : Bernard Lévy ; scénographie : Giulio Lichtner ; costumes : Elsa Pavanel. Avec : Isabelle Druet, Didon ; Arnaud Guillou, Enée ; Camille Poul, Bélinda ; Edwige Parat, la seconde suivante ; Sarah Jouffroy, l’Enchanteresse ; Agathe Boudet, une sorcière ; Fiona Mc Gown, une sorcière ; François Rougier, le marin ; Antoine Strub, l’Esprit ; Ensemble Aedes (chef de chœur : Mathieu Romano) ; Ensemble Les Nouveaux Caractères ; direction : Sébastien d’Hérin