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Orphée aux enfers, au joyeux cabaret du Styx

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Agen. Théâtre municipal Ducourneau. 5 et 6-III-2011. Jacques Offenbach (1819-1880) : Orphée aux enfers, opéra bouffe en deux actes et quatre tableaux sur un livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy (version de 1858 avec emprunts de l’édition de 1874). Mise en scène : Jean-François Gardeil ; décors : Thomas Richard, Jean Gardeil et Madeleine Nicollas ; costumes : Madeleine Nicollas et les élèves du lycée d’enseignement professionnel Lomet ; chorégraphie  : Pieryck Vanneuville. Avec : Vannina Santoni, Eurydice ; Mathieu Muglioni, Orphée ; François Rougier, Aristée-Pluton ; Gilles Ramade, Jupiter ; Amandine Christmann, Diane ; Véronique Guin, Cupidon ; Benjamin Auriol, Mercure ; Pieryck Vanneuville, John Styx ; Véronique Bras, Aurélie Marbie et Yohan Arbona, l’Opinion publique ; Marlène Moly, Vénus ; Carole Bouillon, Junon ; Paul Suffran, Mars ; Michel Barbaste, Bacchus. Chœur des Chants de Garonne. Yann Brebbia, violon ; Eric Moncoucut, clarinette ; Pierre Guiet, flûte ; Fabien Prou, piano. Direction : Jean-François Gardeil

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Après une mémorable Belle Hélène, une joyeuse Périchole, un original Voyage dans la lune puis un iconoclaste Monsieur Choufleuri restera chez lui, il fallait bien cet Orphée naturellement décalé et irrespectueux avec la mythologie pour célébrer le vingtième anniversaire de la troupe des Chants de Garonne.

Leur répertoire est assez large, du baroque (Monteverdi, Charpentier, Carissimi, Purcell) aux créations contemporaines, en passant par Mozart, avec un goût affirmé pour l'opérette, mais le génie musical d'Offenbach et surtout son inventivité scénique leur convient particulièrement. L'objectif de cette école de chant choral et soliste, imaginée par le baryton , est essentiellement la production scénique où solistes professionnels et chanteurs amateurs servent avec passion et un enthousiasme partagé les ouvrages proposés. Quelques-uns ont embrassé la carrière avec succès et ce mode de production permet également des prises de rôles pour de jeunes professionnels (, , Aurélie Fargue, , …). La difficulté consiste en la recherche d'œuvres nécessitant de nombreux protagonistes afin que chacun des quarante chanteurs trouve un emploi, de la figuration aux seconds rôles.

À mi-chemin entre Bordeaux et Toulouse, la ville d'Agen dépourvue d'opéra, bénéficie ainsi régulièrement de spectacles lyriques financièrement abordables, qui sont ensuite accueillis dans les petites villes d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées. est un metteur en scène inventif et facétieux qui s'amuse avec les ouvrages qu'il monte, brouillant les époques et les images, tout en respectant scrupuleusement la trame musicale. Il joue avec dextérité de moyens réduits où l'humour et l'élégance remplacent avantageusement les productions à gros budget. Comme souvent pour cet ouvrage, il a choisi la version initiale en deux actes de 1858 en ajoutant quelques airs de la reprise de 1874. Comment pourrait-on se priver aujourd'hui du rondo saltarelle de Mercure «Et Hop ! Et Hop !», des couplets des dieux secondaires, comme des regrets d'Eurydice, des baisers de Cupidon ou encore du formidable ballet de la mouche ?

On relève un clin d'œil à la Mireille de Nicolas Joël, en ouverture de l'Opéra de Paris l'an dernier, diversement appréciée par la critique, dans le décor champêtre du premier tableau, tandis que l'Olympe du deuxième flotte au milieu d'un Manhattan de bande dessinée atteignant les nuées. Au deuxième acte, les enfers bachiques ressemblent assez à une boîte de nuit glauque et interlope.

Les costumes marquent la frontière divine entre les sages humains habillés en austères paysans et bourgeois du XIXe siècle et les dieux fantasques formant un catalogue de héros de comics des années 50 où Guy l'Éclair croise Superman et Batman. L'orchestre est réduit à un quatuor instrumental (violon, clarinette, flûte, piano), qui porte avec justesse les chanteurs et restitue les subtilités de la partition. On entend même clairement les quelques notes de la Marseillaise lors de la révolte des dieux. La dynamique et la drôlerie de l'ouvrage sont au rendez-vous par une direction d'acteurs bien rythmée et un chant soutenu. Tous jouent selon un bonheur communicatif que le public ressent parfaitement.

Chose rare, le ténor joue lui-même la partie violonistique d'Orphée. Mutine, révoltée et canaille, Vanina Santoni campe une Eurydice craquante qui vaut bien tout ce remue ménage. L'Aristée-Pluton de François Rougier est cynique à souhait, tandis que Gilles Ramade interprète un Jupiter plutôt désabusé. Leur duo antagoniste domine la scène. Il a semblé judicieux à JF. Gardeil de confier le rôle de l'Opinion publique à un trio formé de deux soprano et un alto masculin, ce qui donne une meilleure crédibilité au personnage et fonctionne parfaitement. Le Mercure de Benjamin Auriol débarque en fusée pour délivrer son air avec grande clarté et une belle diction. Mention spéciale au Cupidon espiègle de Véronique Guin, séduisant le public dans l'air des baisers, qui les lui renvoie. N'oublions pas le John Styx irrésistible de Pieryck Vanneuville au timbre rauque si particulier. Sa composition en drag queen infernale est à mourir de rire… Construite en un tableau pyramidal où trône Bacchus, la bacchanale des enfers vire à la boîte de nuit avec un astucieux détournement du menuet de Jupin en une hilarante danse de Club Méditerranée, genre «macarena».

L'ensemble instrumental réserve quelques surprises dans les interludes de changement de plateau. Le travail sur le jeu est remarquable lors des scènes parlées avec une diction parfaite où l'on entend même les diérèses, ce qui est devenu bien rare. Tout cela est fort bien chanté et l'on s'amuse beaucoup dans la salle comme sur scène où les trouvailles comiques ne déparent en rien le chef-d'œuvre d'Offenbach. Comme de juste, le champagne pétille au cancan final.

Crédit photographique : (Eurydice) & (Orphée) © Alain Huc de Vaubert

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Agen. Théâtre municipal Ducourneau. 5 et 6-III-2011. Jacques Offenbach (1819-1880) : Orphée aux enfers, opéra bouffe en deux actes et quatre tableaux sur un livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy (version de 1858 avec emprunts de l’édition de 1874). Mise en scène : Jean-François Gardeil ; décors : Thomas Richard, Jean Gardeil et Madeleine Nicollas ; costumes : Madeleine Nicollas et les élèves du lycée d’enseignement professionnel Lomet ; chorégraphie  : Pieryck Vanneuville. Avec : Vannina Santoni, Eurydice ; Mathieu Muglioni, Orphée ; François Rougier, Aristée-Pluton ; Gilles Ramade, Jupiter ; Amandine Christmann, Diane ; Véronique Guin, Cupidon ; Benjamin Auriol, Mercure ; Pieryck Vanneuville, John Styx ; Véronique Bras, Aurélie Marbie et Yohan Arbona, l’Opinion publique ; Marlène Moly, Vénus ; Carole Bouillon, Junon ; Paul Suffran, Mars ; Michel Barbaste, Bacchus. Chœur des Chants de Garonne. Yann Brebbia, violon ; Eric Moncoucut, clarinette ; Pierre Guiet, flûte ; Fabien Prou, piano. Direction : Jean-François Gardeil

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