Plus de détails
Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sonate pour violon seul n°2 en la mineur BWV 1003. Béla Bartók (1881-1945) : Sonate pour violon seul Sz. 117. Eugène Ysaÿe (1858-1931) : Sonate pour violon seul « à Fritz Kreisler » op. 27 n°4. Georges-Emmanuel Schneider, violon. 1 CD Classic Concert Records CCR62072. Code barre : 9120017620723. Enregistré en juillet 2010 au couvent de Höglwörth, Bavière. DDD. Notices trilingues (anglais, allemand, français) de Georges-Emmanuel Schneider. Durée : 62’37.
Classic Concert RecordsUne réalisation antérieure du label autrichien Classic Concert Records, consacrée à des œuvres pour violon et orchestre d'Alban Berg et de Frank Martin, nous avait déjà révélé le remarquable talent du violoniste suisse Georges-Emmanuel Schneider, dans des captations publiques où s'épanouissait une personnalité musicale hors du commun et sortant assurément des sentiers battus.
Le voici cette fois dans un enregistrement studio de pages pour violon solo réalisé sept ans plus tard dans le superbe cadre du couvent de Höglwörth en Bavière, lieu propice à la réflexion, la méditation et le recueillement, là-même où un artiste se retrouve face à lui-même et à son instrument qu'il questionne avec confiance et gratitude. Le programme proposé est conçu avec éclectisme et intelligence : une œuvre de Johann Sebastian Bach (1685-1750), le maître absolu, suivie de pages de Béla Bartók (1881-1945) et Eugène Ysaÿe (1858-1931).
Les Trois Sonates et Trois Partitas pour violon seul BWV 1001 à 1006 de Bach sont un monument dédié au violon, et constituent la bible à laquelle est tôt ou tard confronté tout violoniste digne de ce nom. Elles datent de 1720, c'est-à-dire en pleine époque où Bach était maître de chapelle du prince Leopold d'Anhalt-Köthen. Cette Cour étant calviniste ne laissait que peu de place à la musique d'orgue et chorale, ce qui amena Bach à y porter à son apogée les divers genres de la musique instrumentale baroque, et cela avec un réel bonheur, puisqu'il nous gratifia d'une longue série de chefs-d'œuvre dont font notamment partie les célèbres Six Concertos Brandebourgeois.
Les Partitas pour violon seul évoquent la Sonata da Camera italienne, avec toutefois une influence du style français, tandis que les Sonates pour violon seul adoptent la structure lent-vif-lent-vif typique de la Sonata da Chiesa. Dans le cas de la Sonate n°2 en la mineur BWV 1003, se succèdent les mouvements Grave–Fuga–Andante–Allegro. Il est indéniable que Béla Bartók et Eugène Ysaÿe aient subi l'influence du Cantor de Leipzig, notamment quant à la forme dont les noms de mouvements sont révélateurs : respectivement Tempo di Ciaccona, Fuga, Melodia, Presto ; et Allemanda, Sarabande, Finale.
La Sonate pour violon seul Sz. 117 de Bartók fut écrite en 1944 pour Yehudi Menuhin par un compositeur déjà atteint de leucémie, ce qui n'empêche l'œuvre d'être l'un des sommets indiscutables et indiscutés des dernières années si fécondes du musicien. Tout comme ses deux consœurs de ce disque, elle est d'une difficulté extrême et semble reculer les limites techniques de l'instrument par son indépendance esthétique et sa richesse d'invention. Le choix de cette œuvre par Georges-Emmanuel Schneider allait de soi, puisqu'elle est à la base de son mémoire de Master, sous les encouragements de son illustre maître Ruggiero Ricci qui la lui recommanda pour son développement artistique.
David Oïstrakh quant à lui disait des Six Sonates pour violon seul op. 27 d'Eugène Ysaÿe qu'elles apportaient «un renouveau complet dans l'art violonistique, enrichissant les possibilités techniques et polyphoniques de l'instrument.» Toutefois loin de n'être que des démonstrations de technicité, elles n'en sont pas moins d'une inspiration et d'une richesse généreuses révélant l'originalité personnelle du violoniste-compositeur dont elles sont le testament musical. Chacune est dédiée à un violoniste d'exception de la génération suivant celle d'Ysaÿe, respectivement Joseph Szigeti, Jacques Thibaud, Georges Enesco, Fritz Kreisler (dédicataire de la Sonate op. 27 n°4 sous rubrique), Mathieu Crickboom et Manuel Quiroga. C'est d'ailleurs en écoutant Szigeti dans une Partita de Bach qu'Eugène Ysaÿe décida d'écrire ce recueil auquel il songeait depuis longtemps.
Dans les notes qu'il a rédigées lui-même pour ce disque, Georges-Emmanuel Schneider nous précise que «Musique et technique doivent se fondre l'une dans l'autre avec subtilité […] Un défi certain pour l'interprète, dont la main gauche alterne rapidement entre un grand nombre d'accords difficiles à saisir, et dont la main droite conduit l'archet souvent sur quatre cordes à la fois. Pour ce genre de répertoire, le plus grand défi sera finalement de faire s'effacer l'importance de cet empilement d'accords au profit d'un paysage mélodique continu.»
Ce défi, Georges-Emmanuel Schneider l'a relevé, et haut la main, si l'on peut dire ! De toutes ces œuvres particulièrement redoutables pour l'interprète, il nous offre des exécutions sans complaisance, remarquablement abouties et pensées, très fouillées et d'une exceptionnelle richesse de nuances, en un récital de la plus haute tenue, dont chaque seconde suscite l'attention et l'émerveillement.
Plus de détails
Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sonate pour violon seul n°2 en la mineur BWV 1003. Béla Bartók (1881-1945) : Sonate pour violon seul Sz. 117. Eugène Ysaÿe (1858-1931) : Sonate pour violon seul « à Fritz Kreisler » op. 27 n°4. Georges-Emmanuel Schneider, violon. 1 CD Classic Concert Records CCR62072. Code barre : 9120017620723. Enregistré en juillet 2010 au couvent de Höglwörth, Bavière. DDD. Notices trilingues (anglais, allemand, français) de Georges-Emmanuel Schneider. Durée : 62’37.
Classic Concert Records