L’évidence Ganio/Raveau pour Karl Paquette et les solistes de l’Opéra de Paris

Un programme sans risques mais efficace : Karl Paquette et les danseurs de l'Opéra de Paris présentaient, sur la scène du Théâtre de Saint-Maur, un florilège des grands ballets du répertoire.

L'orientalisme sied bien à Karl Paquette : comment, dans Raymonda, ne pas succomber aux charmes déployés par son Abderam, guerrier Sarrazin macho et sensuel à souhait ? En très grande forme, le danseur étoile nous a également gratifiés d'une variation piquante et colorée tirée du ballet Esmeralda. Sa partenaire Héloïse Bourdon, danseuse aux très jolies lignes et à la technique précise, péche cependant par une certaine homogénéité interprétative : un grand sourire, aussi joli soit-il, ne saurait se confondre avec un réel engagement dramatique.

Le couple formé par Marine Ganio et Pierre-Arthur Raveau dans La Belle au bois dormant et La sylphide, constitue l'un des moments clés du programme. Marine Ganio est une danseuse atypique. Son talent est flagrant, presque insolent. Espiègle et mutine, elle possède une expressivité toute théâtrale (il fallait la voir effeuiller sa marguerite imaginaire !) et un sens du spectacle inné. Sa danse, qui allie à la fois délicatesse, maniérisme et virtuosité, est porteuse de ce petit quelque chose qui préfigure les grandes ballerines. Talent à suivre de près…

Son partenaire, Pierre-Arthur Raveau, possède charme et distinction, une technique solide et beaucoup de charisme. Sa danse éloquente parviendrait à séduire le public le plus rétif. L'effort ne se lit jamais sur le visage de cet artiste qui sait également se montrer un partenaire prévenant et attentionné. Son talent est une évidence. Nul doute que ce garçon-là trônera bientôt dans la cour des grands.

Sylvia Saint-Martin est une danseuse fine et nerveuse dotée d'une belle assurance technique. Ses bras raffinés et ses épaulements soignés rivalisent avec un bas de jambes précis et incisif. Elle incarne une très jolie Giselle, légère et immatérielle. Son partenaire, Yann Chailloux, quelque peu fébrile dans Raymonda, interprète un Albrecht brillant et comme galvanisé par sa partenaire.

Marion Barbeau et Fabien Révillion interprétaient Roméo et Juliette. Marion Barbeau est une danseuse vive et attachante, mais qui pèche cependant par un certain nombre d'approximations techniques. Son partenaire, Fabien Révillion, évolue avec élégance et assurance. Très à l'aise dans les parties narratives du ballet, il fait montre d'un haut niveau technique dans ses variations. Cette personnalité lumineuse semble naturellement destinée à s'épanouir dans le grand répertoire classique.

Crédit photographique : Karl Paquette © Icare